On s’attendait à un renforcement voire à une intensification des investissements japonais en Tunisie après l’organisation, en août 2022, à Tunis de la Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique dans sa huitième édition “TICAD 8”. Mais seulement voilà, l’équipementier automobile nippon Yazaki, spécialisé dans les systèmes de câbles, les systèmes électriques, l’instrumentation, annonce avoir décidé de ne plus investir en Tunisie.

D’après des sources syndicales, l’équipementier va se contenter de gérer ses deux usines, à Bizerte (El Alia) et à Gafsa, qui emploient au total 5.400 personnes.

Pourtant, il y a quelque temps, le fabricant nippon des composants automobiles projetait non seulement d’ouvrir une nouvelle filiale en Tunisie mais également d’investir dans le solaire.

la décision de Yazaki de ne plus augmenter ses investissements en Tunisie serait justifiée par la saturation de l’industrie d’assemblage électronique répétitif

Quant aux motifs qui ont conduit l’équipementier à prendre la décision de ne plus augmenter ses investissements en Tunisie, ils seraient justifiés, selon les sources syndicales, par «l’absence de visibilité de la situation économique et politique» en Tunisie.

Mais d’après Sami Aouadi, économiste universitaire et syndicaliste, la décision de Yazaki de ne plus augmenter ses investissements en Tunisie serait justifiée entre autres par « la saturation de l’industrie d’assemblage électronique répétitif ».

En matière d’attractivité, la Tunisie doit s’adapter aux normes internationales

Cette approche de l’équipementier nippon devrait donner à réfléchir aux structures d’appui tunisiennes à l’investissement étranger (FIPA, APII…).

Selon Hatem M’liki, consultant international en matière d’attractivité de sites de production, les critères défendus par les structures tunisiennes pour attirer les investisseurs étrangers (avantages fiscaux et financiers, bas salaires…) ne correspondent plus aux critères de choix et de priorité souhaités par ces investisseurs.

De nos jours, l’attractivité dans le monde est mesurée par le scoring des grands bureaux de conseil de l’investissement, explique-t-il, et que les critères les plus appréciés par les investisseurs sont « la stabilité politique, la stabilité fiscale et la stabilité juridique ».

A rappeler qu’en 2021, des rumeurs faisaient état d’un éventuel départ Yazaki de la Tunisie pour le Maroc. Ces mêmes rumeurs avaient prêté au groupe japonais l’intention d’avoir décidé de transférer au Maroc deux projets qui devaient voir le jour à Gabès et au Cap Bon, avec à la clef la création de 5 000 postes d’emploi. Comme on le sait, ces informations avaient été démenties par l’équipementier et le ministère tunisien de l’Industrie.

L’unité de Yazaki à El Alia emploie actuellement 2 600 personnes pour une capacité totale prévue de 4 000 emplois.

Pour mémoire, le groupe Yazaki a eu le mérite d’avoir cru en la Tunisie dans des moments difficiles. En 2014-2015, période marquée par les attentats politiques et les actes terroristes, le géant japonais de la câblerie a inauguré, début de 2015, dans la localité de Bouchkara à El Alia (gouvernorat de Bizerte), sa nouvelle unité de production. Cette unité emploie actuellement 2 600 personnes pour une capacité totale prévue de 4 000 emplois.

Abstraction faite de ces explications, il faut admettre qu’au regard de l’importance des emplois qu’il fournit (5 400 dans les régions intérieures du pays), les structures d’appui à l’investissement doivent tout faire pour faciliter l’activité du groupe japonais. Ce groupe utilise la Tunisie comme marché relais pour approvisionner en câbles les constructeurs automobiles japonais et autres implantés en Europe, Yazaki étant membre de l’Association européenne des équipementiers automobiles (CLEPA).