La Fondation Mohamed Ali Hammi (FMAH, ex-Acmaco) a tenu, les 2, 3 et 4 septembre 2022 à Gammarth (banlieue de Tunis) sa 29ème université d’été, sur le thème : «le devenir de la transition démocratique en Tunisie, 12 ans après – Bilan et alternatives : pour un nouveau modèle de gouvernance».

Abou SARRA

Les travaux ont été articulés autour de trois principaux axes : contexte et genèse de la transition démocratique (perspectives de la transition démocratique et avenir du régime politique en Tunisie, nouveau modèle de gouvernance…), bilan (politique, économique, social…), alternatives, repositionnement et proposition d’un plan urgent de sauvetage.

Un panel d’économistes, historiens, sociologues, politologues, diplomates, syndicalistes, philosophes a contribué à cette université d’été. Il s’agit entre autres de Hachemi Aleya, Hédi Zaiem, Samir Bettaieb, Habib Guiza, Hatem Mrad, Abdelhamid Henia, Pierre Galand, Mhamed Ali Halouani, Ahmed Ounaies.

Selon Habib Guiza, président de la FMAH, «l’enjeu de cette université 2022, qui se tient en cette période marquée par une inflexion majeure avec l’initiative de concentration du pouvoir entre les mains présidentielles après la paralysie politique entraînée par les formes que la démocratie a prises de 2011 à 2021, est de contribuer à l’élaboration d’un nouveau modèle de gouvernance articulant d’une façon originale la démocratie représentative à la démocratie participative».

D’emblée, Guiza a esquissé les grandes lignes de cette nouvelle gouvernance. Elle sera « une gouvernance stratégique et prospectiviste de l’Etat tunisien, pour le repositionnement de la Tunisie dans le nouvel ordre géopolitique et géoéconomique mondial basé sur l’économie des connaissances et son intégration dans la chaîne des valeurs avancées de l’économie mondiale ».

Et d’ajouter : « Consciente que la Tunisie est confrontée à une crise multidimensionnelle, la FMAH va proposer, dans le cadre de son projet de “contrat social citoyen“, aux gouvernants et à la société civile un projet ambitieux et une vision claire de l’avenir de la Tunisie, en rupture avec le passé, et qui donne sens aux nécessaires transformations radicales et aux reformes profondes dont a besoin le pays pour rétablir la confiance et, surtout, pour remettre la Tunisie au travail ».

Faisant à sa manière le bilan des 12 années passées, Habib Guiza a rappelé les dérapages de ce qu’il appelle de la “révolution“ : « la révolution tunisienne qui, après tant de joie, de jubilation et d’espoir, s’est transformée malheureusement dix après en désespoir avec une ambiance de morosité et de désillusion et de sentiments d’échecs ».

Néanmoins, le président de la FMAH s’est voulu positif en mettant l’accent sur d’importants acquis accomplis depuis dix ans. Au nombre de ceux-ci, figurent les libertés : la liberté de s’organiser, la liberté de manifester, la liberté de faire la grève et la liberté de s’exprimer. Et à propos de cette dernière liberté, il l’a merveilleusement qualifiée de “butin de la révolution“.

D’après lui, dans la longue Histoire de la Tunisie, cette dernière décennie, fût-elle dans l’ensemble chaotique, n’aurait été qu’une décennie d’apprentissage par le choc de la démocratie, allusion ici aux attentats politiques, au terrorisme et aux instabilités politique, économique et sociale qu’a connues le pays.

« Globalement, a-t-il-dit, cette décennie a prouvé deux donnes importantes : l’absence de leadership et l’immaturité des politiques en Tunisie ».

Suivra: « Transition an 12 : Migration de la particratie vers la démocrature (Partie 2) »-