Depuis le 4 février 2022, soit quatre mois, des paysans de la zone Lagsab, gouvernorat de Siliana au nord-ouest de la Tunisie, observent un sit-in jusqu’à ce jour pour revendiquer la réappropriation de la ferme domaniale Al Massir, louée en 2020 par le gouvernement Mechichi à un privé en vue de l’exploiter selon la technique de concession, un système malsain où prévalent corruption et clientélisme.

Ce privé locataire aurait eu la malencontreuse idée de licencier les 26 ouvriers agricoles qui travaillaient, depuis l’an 2000, dans cette ferme de 820 hectares sous la tutelle de la structure publique, l’Office tunisien des terres domaines (OTD).

En colère et encouragés à bloc par la promulgation, ces derniers jours, des textes d’application de la loi sur les sociétés communautaires, voire les fameuses sociétés « Al Ahlia », prônées par le président de la République, les sit-inneurs croient ferme, et plus que jamais, à leur droit d’accéder à la propriété de cette ferme.

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Ils sont organisés en coordination et Collectif des paysans pour l’accès à la propriété de la terre et faire valoir leur droit à l’appropriation de cette ferme. Ils ne veulent plus réclamer seulement leur réintégration au travail. Ils veulent acheter cette ferme et la travailler comme l’autorise la loi sur les sociétés Al Ahlia aux critères de laquelle ils répondent.

Il faut reconnaître que depuis l’accès du pays à l’indépendance, les paysans ont toujours d’énormes difficultés pour accéder à la propriété de la terre. Le pays a connu déjà de graves problèmes à plusieurs reprises.

C’est le cas de l’oasis de Jemna, zone de Nefzaoua (gouvernorat de Kébili), autogérée depuis 2011 et qui fait aujourd’hui école. C’est le cas également du Village de Mabrouka (Sidi Bouzid), de Ghannouch (gouvernorat de Gabès), de Segdoud à Redeyef (gouvernorat de Gafsa)…

Cela pour dire que l’Economie sociale et solidaire, rejetée, à dessein, par les secteurs (privé et public) et consacrée par la loi sur les sociétés Al Ahlia, commence à remettre en cause les règles de jeu bien établies, jusque-là.

ABS