Les industriels des peintures en Tunisie, particulièrement ceux qui continuent à fabriquer des peintures domestiques au plomb “ne se soucient pas de la santé des consommateurs”. Ils n’ont pas plaidé en faveur d’une accélération de la mise en vigueur du projet de loi fixant la limite les taux de métaux lourds nocifs, dont le plomb et le cadmium, dans ces peintures, lors d’une réunion de concertation avec la société civile, organisée le 4 avril par le ministère de l’Environnement, a rapporté l’Association d’Education Environnementale pour les Futures Générations (AEEFG).

D’après cette association qui représente le Réseau international pour l’élimination des polluants toxiques, dit IPEN (International Polluants Elimination Network), dans la région MENA, la chambre des industries des peintures a demandé encore un délai de 6 mois, pour faire une étude sur l’impact du projet de loi déjà prêt, sur l’activité des industriels de peinture. La société civile est ” consternée et déçue ” par la récente position de la chambre des industries des peintures, lit-on dans un communiqué publié le 8 avril courant par l’AEEFG, qui appelle les consommateurs à n’utiliser que les peintures domestiques qui portent la mention ” sans plomb ” pour préserver leur santé et celle de leurs proches.

” On se demande pourquoi cette étude n’a pas été lancée depuis 2018, suite à la première réunion qui a eu lieu et qui a appelée à la mise en place de la loi pour éliminer le plomb ? “, s’interrogent les représentants de la société civile.

Le projet de loi prévoit déjà, rappelle-t-on, une période de grâce pour passer vers les alternatives au plomb. ” L’industrie de la peinture a l’obligation de protéger la santé de la population et de ses consommateurs directs et indirects, d’autant plus que la peinture domestique est un produit utilisé par tous les ménages tunisiens “.

En effet, quelque 30 échantillons de marques tunisiennes de peinture sont à haute teneur en plomb, selon des analyses effectuées par l’AEEFG avec l’appui du réseau “IPEN”, dans le cadre d’un projet international, mis en œuvre depuis 2009.

” Ces peintures ne seraient pas normalement autorisées à la vente ou à l’utilisation aux Etats-Unis ou dans les pays développés ainsi que dans certains pays Africains et Arabes “, a averti la société civile.

Le Ministère de l’Environnement a pris l’initiative comme leader pour la mise en place du projet de loi sur l’élimination du plomb dans la peinture après une étude nationale lancée par l’ANCSEP (Agence Nationale de Contrôle Sanitaire et Environnemental des Produits), sur le plomb dans les peintures vendues sur le marché tunisien.

Les ministres de l‘Environnement et de la Santé avaient réitéré l’importance de cette loi pour la protection de la santé et de l’environnement, lors d’un atelier organisé en novembre 2021.

Selon l’AEEGF, “il n’y a aucune bonne raison pour un fabricant de peinture de continuer à produire des peintures avec des composés de plomb surtout qu’il existe des substituts rentables pour l’ensemble des composés de plomb qui sont utilisés dans la fabrication des peintures et qui ont été largement disponibles depuis les années 1980 et même avant “.

Elle appelle par ailleurs le Centre Technique de la Chimie a jouer son rôle pour la mise en œuvre du programme de mise à niveau des industries de peintures utilisant le plomb pour changer vers des peintures écologiquement responsables.

Pour mémoire, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), classe le plomb parmi les 10 produits chimiques gravement préoccupants pour la santé publique et appelle à une action des Etats Membres pour protéger la santé des travailleurs, des enfants et des femmes en âge de procréer.

Les jeunes enfants sont particulièrement vulnérables aux effets toxiques du plomb, qui peuvent avoir des conséquences graves et permanentes sur leur santé, en particulier sur le développement du cerveau et du système nerveux.