En matière d’investissement direct étranger (IDE) en Tunisie, après la disette qu’a connue ce type d’investissement dans le pays, pendant les dix dernières années, en raison de l’instabilité, la situation tendrait à se renverser et à évoluer favorablement.

Abou SARRA

Nous sommes tentés de le penser au regard de nouvelles qui circulent, ces temps-ci, à ce sujet dans les milieux d’affaires et dans les médias.

Point d’orgue de ces informations, celles qui prêtent à de grands groupes mondiaux l’intention d’investir de gros sous dans le site Tunisie et d’acquérir, à cette fin, des zones industrielles en totalité pour loger leurs projets.

Empressons-nous de signaler ici que certaines de ces informations sont confirmées, mais d’autres ne le sont pas et seraient encore au stade de la validation.

Des projets de 80 milliards de dollars en vue

La plus importante information, voire « l’info-bombe » a été révélée le 1er mars 2022, sur les ondes de la radio privée Jawhara Fm, par Abid Briki, secrétaire général du Mouvement “Tunisie en avant”.

Cet ancien ministre du gouvernement Youssef Chahed a déclaré qu’il a récemment téléphoné au président Kaïs Saïed pour l’informer, en exclusivité, de l’intention de deux groupes d’hommes d’affaires étrangers d’investir en Tunisie quelque 80 milliards de dollars, ce qui se engendrerait la création de 500 000 emplois.

Abid Briki, dont le parti soutient le coup de force constitutionnel du 25 juillet 2021, a ajouté avoir été agréablement surpris de découvrir que le chef de l’Etat était au courant de ces projets d’investissement.

Briki, qui n’est pas à son premier entretien téléphonique avec le chef de l’Etat-il en a eu antérieurement- a tenu à préciser, « bizarrement », que ces éventuels investisseurs ne seraient pas des israéliens.

Peu importe, avec 500 000 emplois prévus, c’est une grande partie des chômeurs tunisiens qui pourrait ainsi être embauchée, sachant que le pays compte actuellement quelque 770 000 sans emploi.

Pour le gouvernement de Kaïs Saïed, ces projets, s’ils voyaient le jour, pourraient constituer un exploit, voire un jackpot en matière d’IDE, et un futur passeport pour un nouveau mandat.

Des zones industrielles sont demandées en totalité

D’autres informations concernant la relance des IDE en Tunisie ont également été révélées aux médias par Souheil Cheour, PDG de l’Agence foncière industrielle (AFI).

Selon lui et contrairement à ce qui se dit, la Tunisie est toujours un site attractif pour les IDE. Pour preuve, il a cité la forte demande de terrains industriels par les investisseurs étrangers. Il est allé même jusqu’à révéler que certaines zones industrielles sont réclamées en totalité par des multinationales pour s’y installer. C’est le cas, du groupe aéronautique européen, Airbus Industries qui a choisi de loger une grande partie de ses activités en Tunisie, sur 21 hectares localisés dans la zone industrielle de Zriba (gouvernorat de Zaghouan) à 60 km au sud de Tunis.

Cette zone abrite également des usines d’autres groupes internationaux spécialisés dans l’industrie des composants automobiles.

Souheil Cheour évoque aussi le cas d’un investisseur étranger spécialisé dans l’industrie du médicament qui a choisi de s’implanter sur 6 hectares dans la zone industrielle de Medjez El Bab (nord-ouest de la Tunisie).

Il fait également état de l’intérêt de grands groupes étrangers, dont l’allemand Knauf Industries, pour l’investissement dans l’exploitation et la valorisation du gypse dans la région de Tataouine.

Pour mémoire, la Tunisie est classée 4ème à l’échelle mondiale en matière de réserves de gypse, ce qui la dote, de facto, d’un grand potentiel d’investissement dans l’industrie extractive et transformative, d’autant plus que le gypse est un minerai fortement utilisé dans l’industrie lourde, notamment du bâtiment.

Interpellé sur les zones les plus demandées dans la conjoncture actuelle par les investisseurs étrangers, le PDG de l’AFI a cité, dans l’ordre, le Grand Tunis, Zriba (1, 2, 3, 4) dans le gouvernorat de Zaghouan, Medjez El Bab dans le gouvernorat de Béja, Siliana, Sbikha (gouvernorat de Kairouan).

Il n’est pas inutile de rappeler que des facteurs géostratégiques, tels que la relocalisation industrielle européenne après la pandémie de la Covid-19,  vont jouer fortement en faveur de la promotion des IDE dans les pays du sud de la Méditerranée dont la Tunisie. L’essentiel est de préparer le terrain.

Dont acte.