La rencontre cinématographique annuelle à Paris “Le Maghreb des films” 2021 (1-21 décembre au cinéma Louxor à Paris) consacre la journée du 18 décembre au cinéma tunisien avec au programme une Rencontre et Master class autour de la projection du film “YASMINA OU LES SOIXANTE NOMS DE L’AMOUR” de Nacer Khemir – 90′ / Tunisie / (2013).

«En 1992, j’avais acheté une petite camera mini-DV pour filmer mon journal et fixer un peu ma mémoire devenue transparente à force de nomadisme. Lors d’un retour dans mon village, j’ai appris qu’on avait tenté d’empoisonner ma grande tante Yasmina. Je suis allé lui rendre visite et c’est ainsi que j’ai commencé ce film sans le savoir. Très vite j’ai été happé par le roman oral de Yasmina et son grand secret. Je travaillais à l’époque sur l’exposition “Les 60 Noms de l’Amour”. Ma vie était tranchée entre l’exil d’ici et l’exil de là-bas, entre le calendrier grégorien et celui de l’hégire, entre le drame de Yasmina et mon voyage au cœur de la langue arabe et “Les 60 Noms de l’Amour”» (Nacer Kemir).

La Master Class sera animée par Nader Ayache (réalisateur).

Nacer Khemir est un conteur et c’est en conteur qu’il construit son film autour de trois fils entrecroisés : il filme son errance de nomade présentant une exposition au travers de nombreux pays… Né en 1948 à Korba, Tunisie. A la fois conteur, écrivain et réalisateur, il est aussi l’auteur et illustrateur de plusieurs publications littéraires.

Très tôt bercé par l’univers du conte, il obtient en 1966 une bourse de l’Unesco pour étudier le cinéma à Paris. En 1972, il part à la recherche des conteurs dans la médina de Tunis, et ce travail de collectage de contes inspirera quatre films autour du conte et des conteurs, dont le premier, L’Histoire du pays du Bon Dieu, voit le jour en 1975.

C’est en 1975 avec la publication du livre “L’Ogresse”, un conte calligraphique, qu’il participe en France au renouveau du conte, notamment en initiant des ateliers de formation de conteurs. Conteur contemporain, il se situe toutefois dans la tradition des conteurs d’Orient et donne à entendre des adaptations des contes issus de la tradition orale tunisienne.

En 1982 et 1988, il raconte durant un mois “Les Mille et une nuits” au Théâtre National de Chaillot à Paris, chaque soir une nouvelle histoire, 25 heures de récit dans une scénographie de Yannis Kokkos.

Dessinateur, sculpteur, il est aussi calligraphe et expose ses travaux en particulier au centre Georges Pompidou en 1980 et au Salon du Livre de jeunesse de Montreuil.

Du cinéma, de la peinture à la sculpture, de la calligraphie à l’écriture, Nacer Khemir a projeté un pont entre deux rives, entre le nord et le sud, l’Orient et l’Occident.

Il réalise des films qui remportent de nombreux prix et un grand succès : Les Baliseurs du désert, Le Collier perdu de la colombe, mais qui ne sont toutefois pas projeté dans le monde arabe, ce qui pousse Nacer Khemir à s’indigner ” face aux sociétés arabes mettant à l’écart leur propre culture “.

La présente édition du Mghreb des films ambitionne d’avoir une tonalité et un parfum rétrospectifs, avec des hommages, coup de chapeau et master-class, ou encore ce mini cycle rétro événementiel consacré au Printemps tunisien, ancien d’une décennie. Quelques inédits et autres avant-premières complètent le programme.

Comme à l’accoutumée, de nombreux réalisateurs seront présents, pour donner l’occasion d’échanges divers, riches et fructueux, selon l’expression consacrée.

Enfin, notent les organisateurs “ces deux années cruelles nous ont privés de quelques personnalités qui nous furent fidèles et aussi d’amis chers: Nous n’oublierons pas Noureddine Saïl, ni Moufida Tlatli, et pas davantage Alexandra Saïfi, Dalila Ennadre et Lyazid Khodja… Cette édition sera aussi la leur. Elle leur est évidemment dédiée”.