Le ministère des Affaires culturelles et la Délégation de l’Union européenne (UE) en Tunisie ont annoncé les détails des grandes lignes du projet de réaménagement du Musée national de Carthage et de ses abords, et ce dans le cadre du programme “Tounes Wijhetouna” qui a réservé une enveloppe financière prévisionnelle affectée aux études et aux travaux de l’ordre de 10 millions d’euros à cet effet.

Lors d’une conférence de presse organisée lundi 6 décembre à la Cathédrale Saint Louis par le ministère et la Délégation de l’UE en Tunisie, il a été procédé à l’annonce du projet et du concours restreint de maitrise d’oeuvre sur esquisse en vue de l’attribution du marché de maitrise d’oeuvre pour cette opération de réhabilitation.

L’avis de concours sera lancé au mois de janvier 2022 alors que le dernier délai de réception des candidatures est prévu pour le mois de mars 2022.

Situé sur la colline de Byrsa, le site de Carthage est composé de la place de l’Unesco, l’ancienne Cathédrale St Louis et du musée national de Carthage. Ce site est classé par le gouvernement tunisien depuis 1985 par le décret 1246-85 du 7 octobre 1985, relatif au classement du site de Carthage.

Le musée national de Carthage est l’un des principaux musées tunisiens avec le musée du Bardo. Il abrite la plus importante collection d’objets archéologiques provenant du site de Carthage depuis la période phénico-punique et présentant une synthèse de l’histoire prestigieuse de Carthage (plus de 100 000 items).

Depuis la fin du premier trimestre 2018, le musée national de Carthage est fermé à la visite. Seuls les vestiges archéologiques à proximité sont restés visitables.

Redonner vie à un musée pour en faire un espace novateur

L’enjeu aujourd’hui est de redonner vie à ce musée et de créer dans le cadre de cette opération un musée novateur et exemplaire à la fois en termes de conservation et de valorisation des collections, mais aussi en termes de médiation et de qualité d’accueil des visiteurs.

Le projet porte donc sur trois échelles d’intervention totalement imbriquées : la réhabilitation des bâtiments du musée dans la limite des emprises existantes et en conformité avec la réglementation applicable et des contraintes patrimoniales énoncées dans le programme, la réalisation du projet scénographique pour l’exposition permanente en conformité avec le programme muséographique, et la requalification du contexte urbain et paysager du musée en cohérence avec le programme de l’opération (place de l’UNESCO et ses abords, espaces extérieurs et espaces paysagers à l’intérieur du périmètre, les vestiges archéologiques de la colline de Byrsa).

L’opération s’inscrit dans une démarche de développement durable et de qualité environnementale, selon les priorités fixées par le maître d’ouvrage et maitre d’ouvrage délégué.

Les principaux objectifs de cette opération consistent à rendre le musée national de Carthage un véritable lieu de vie, accueillant des activités variées dépendant directement de ses missions de conservation et de valorisation du patrimoine carthaginois mais aussi de fonctions de convivialité et de services.

Il s’agit également d’offrir aux visiteurs les meilleures conditions de confort à la fois à travers l’attractivité et la convivialité des espaces publics mais aussi à travers la qualité des espaces d’exposition et de médiation.

L’objectif étant également de permettre une lecture aisée pour tous du site de la colline de Byrsa, en particulier et de ses différentes strates historiques et d’offrir au public un cadre paysager propice à la délectation et à la convivialité et ce, en améliorant les conditions de confort des visiteurs et de conservation des collections (chauffage, ventilation, rafraichissement, acoustique), de l’expérience de la visite (scénographie) et de l’organisation (accès, cheminements, gestion des flux et parcours de la visite).

L’opération de réhabilitation consiste également à doter le musée de l’infrastructure technique, des équipements et d’une scénographie en conformité avec les normes et les standards internationaux tant d’un point de vue muséographique qu’environnemental.

Apporter un nouvel éclairage sur Carthage…

Le nouveau musée de Carthage se positionne comme un lieu d’interprétation de cette histoire à travers ces différentes sources, depuis le IXe siècle avant J.-C., époque de la fondation, jusqu’à la période contemporaine.

Il apportera ainsi un nouvel éclairage sur Carthage, en poursuivant la valorisation de ses périodes fastes, en particulier puniques et romaines, mais aussi en mettant en lumière des éléments plus méconnus du grand public, telles que les périodes vandales, byzantines et islamiques ou encore sa redécouverte archéologique et la valorisation de ce patrimoine depuis les Pères Blancs jusqu’à nos jours.

Le périmètre du projet se développe sur environ 4 hectares. Le programme projeté couvre une superficie de l’ordre de 6 000 m2 utiles.

S’agissant du calendrier prévisionnel de l’opération, la signature du marché de maitrise d’oeuvre est prévue pour le mois octobre 2022. Le démarrage des études :est programmé pour le mois de novembre 2022.

Quant au démarrage des travaux, il est fixé pour le mois de mars 2024, sachant que la date prévue pour le lancement de la procédure de passation est fixée pour le 17 janvier 2022.

Dans son intervention, la ministre des Affaires culturelles Hayet Guettat Guermazi a insisté sur l’importance de d’adopter le plan de protection et de mise en valeur spécifique au musée national de Carthage classé patrimoine mondial de l’Unesco, un classement aujourd’hui menacée vu l’expansion urbaine que connait ce site ces dernières années.

Elle a par ailleurs précisé que ce projet de réhabilitation est le premier en son genre en Tunisie.

De son côté, l’ambassadeur de l’UE en Tunisie, Marcus Cornaro, s’est félicité de l’avancement des études entamées dans ce sens soulignant que l’opération de réhabilitation permettra désormais de mettre en valeur le site de Carthage dans un pays méditerranéen qui regorge d’autant de richesses civilisationnelles, historiques et patrimoniales.

Il a tenu à souligner que ce projet de taille est l’un parmi d’autres soutenus par l’UE pour préserver les sites archéologiques et monuments historiques de la Tunisie.