Seulement 43 000 ménages utilisent l’énergie solaire, classée pourtant priorité nationale en Tunisie Ce chiffre montre que le pays n’est pas sur la bonne voie, pour atteindre son objectif d’atteindre un taux de 30% d’énergies renouvelables, en mixt énergétique, dans la production électrique d’ici 2030.

Pourtant la Tunisie a opté pour l’investissement dans les énergies renouvelables, notamment l’énergie solaire, depuis 2010, à travers les subventions octroyées par le Fonds de transition énergétique, par le biais de l’Agence nationale de maîtrise de l’énergie (ANME).

La réalisation des objectifs tracés serait entravée par plusieurs obstacles, notamment pour relever la part des énergies renouvelables. De fait, la pandémie de COVID-19 a ralenti la réalisation des projets, mais aussi, la décision de l’ANME de baisser le taux de la subvention par Kilowatt, de 1200 dinars à 500 dinars actuellement.

Cette baisse a impacté négativement, l’activité des sociétés opérant dans les énergies renouvelables, ainsi que les ménages dans ce domaine, a déclaré à l’Agence TAP, Houssem Khlifi, chef d’une entreprise spécialisée dans l’installation de panneaux photovoltaïques. “Avant l’année 2021, le volume des ventes de la société a suivi une tendance haussière durant dix ans, mais actuellement la tendance est à la baisse, en raison de la diminution de la valeur de la subvention”.

Et d’ajouter que la dégradation de l’activité des sociétés dans les énergies renouvelables est, également, expliquée par l’augmentation du coût des panneaux solaires de 17%, en 2021.

“Le volume des ventes de ma société n’a pas dépassé les 60 Kilowatts crête (KWC), contre 300 KWC enregistrés en 2020”.

Pour sa part, l’ANME a indiqué avoir maintenu la valeur de la subvention pour les systèmes photovoltaïques, dont la capacité égale ou inférieure à 1,5 KW, au niveau de 1500 dinars par chaque kilowatt.

Notons que l’énergie solaire photovoltaïque reste la technique la plus utilisée et la mieux maîtrisée par les professionnels spécialisés en énergies renouvelables en Tunisie.

Des subventions non décaissées dans les délais

Pour rappel l’ANME accorde des subventions aux sociétés qui installent les panneaux solaires aux ménages, en vertu de contrats-programmes. L’Etat accorde dans le cadre de son programme de promotion des énergies renouvelables dans le secteur de l’habitat, une subvention aux citoyens, pour l’installation de panneaux solaires.

Cette subvention est accordée aux sociétés, qui procèdent, ensuite, à sa déduction de la facture du client. Ainsi, l’ANME s’engage à rembourser à la société qui fait l’installation des panneaux solaires, le montant de cette subvention déduite de la facture du client, une fois que le système commence à fonctionner.

Or, depuis le mois de septembre 2020, aucune entreprise n’a reçu cette subvention, alors que l’ANME assure avoir résolu tous les problèmes techniques, financiers et contractuels et promis de commencer le décaissement des sommes dues aux sociétés.

Cette situation a aggravé les difficultés des entreprises actives dans le domaine de l’installation des panneaux solaires, a indiqué le jeune investisseur, ajoutant que ces sociétés ne sont plus capables d’honorer leurs engagements vis-à-vis des fournisseurs ni de payer leurs salariés.

Pas suffisamment d’efforts pour promouvoir les renouvelables

Alors que les autorités ont toujours proclamé que les énergies renouvelables sont une priorité nationale en Tunisie, au vu du problème du déficit énergétique, qui a atteint environ 55%, elles n’ont pas déployées suffisamment d’efforts, pour créer un climat propice au développement des investissements dans ce domaine.

En fait, elles n’œuvrent pas à l’encouragement des entreprises dans cette filière, ni à accélérer la concrétisation des programmes assignés. Pis encore, les autorités en charge du secteur de l’énergie traînent pour verser les subventions à temps, lesquelles auraient permis aux sociétés dans ce secteur, de faire face à leurs charges administratives et financières.

” L’Etat ne veille pas, aussi, à assurer la promotion nécessaire, à même d’inciter les citoyens à adhérer aux efforts de promotion des énergies renouvelables, et à les convaincre que l’énergie solaire est l’unique alternative pour instaurer un système national d’énergie propre en Tunisie “, a indiqué l’installateur d’énergie solaire.

De son côté, le directeur commercial et marketing de la STEG, Sami Ben Hmida, a fait état du retard, enregistré depuis le mois de mars 2021, au niveau de la fourniture des compteurs devant être installés chez les clients du photovoltaïque.

D’après lui, ce retard est du au fait que l’opération d’acquisition des compteurs est soumise à la législation régissant les marchés publics. Toutefois, le responsable a fait savoir qu’environ 3 500 compteurs triphasés et 1 500 compteurs monophasés sont disponibles, depuis juin 2021, et que la STEG se prépare au lancement d’un appel d’offres, fin 2021, pour l’acquisition de 25 000 compteurs supplémentaires.

Il est à noter que ces compteurs permettent de renvoyer l’excès de l’énergie sur le réseau de la STEG, et de fournir au client ses besoins en électricité directement de la STEG, en cas de non production de l’électricité à partir de l’énergie solaire.

Le responsable a affirmé que la facture de consommation du client installant un système d’énergie solaire, peut être réduite jusqu’à moins 70%.

Pour rappel, la STEG a implanté deux centrales photovoltaïques à Tozeur d’une capacité de 10 mégawatts chacune. La centrale de Tozeur 1 est déjà entrée en service. Il importe de noter que l’énergie solaire n’assure que 1% de la production de l’électricité produite par la STEG, d’après les données publiées par l’Observatoire national de l’énergie et des mines.

Bien que les responsables dans le secteur des énergies renouvelables n’ont cessé de répéter que leur objectif consiste à avoir ” des panneaux solaires sur tous les toits des logements tunisiens “, les familles sont toujours réticentes à recourir à cette énergie propre, en raison soit de la complexité des procédures administratives, soit de la méconnaissance des atouts de cette énergie, ou de incitations accordées par l’Etat, dans ce domaine.

Ainsi, l’objectif de la Tunisie, de porter la contribution des énergies renouvelables à 30% de mix énergétique, d’ici 2030, reste un simple slogan lancé lors des manifestations nationales et internationales, mais la réalité ne semble pas en adéquation avec cette ambition. Pour preuve, les énergies renouvelables ne représentent, jusqu’à ce jour, que 6% du mix énergétique et même ce chiffre pourrait être gonflé…..