Une nouvelle unité de conditionnement des eaux minérales d’une capacité de production de 10 mille bouteilles/heure, ouvrira ses portes, d’ici la fin de 2021, à Kasserine, a indiqué la responsable de communication à l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie (ONTH), Moufida Ben Nasr.

Depuis mars 2020, aucune ouverture d’usine n’a eu lieu, a ajouté Ben Nasr, précisant que l’investissement dans le conditionnement des eaux minérales est un investissement lourd qui coûte au minimum une vingtaine de milliards, a-t-elle précisé dans un entretien accordé à l’Agence TAP.

Au total, 29 sources minérales sont exploitées par des unités de conditionnement en Tunisie. La capacité totale nationale de production atteint 500 000 bouteilles/h de différents volumes (en PET ou en verre). Les sources d’eau minérale sont concentrées dans la région de Kairouan et de Sidi Bouzid. En effet, la carte de localisation des principales manifestations thermo-minérales en Tunisie (sources et forages) montre l’existence de près de 105 sources d’eaux réparties, entre les sources d’eau minérales thermales (entre 25 degrés et 45 degrés), les sources froides (moins de 25 degrés) et les sources thermo-minérales (+45 degrés).

Ainsi, les eaux de sources minérales froides (moins de 25 degrés) sont celles qui sont exploitées par les unités de conditionnement, et dont la plupart sont des forages d’eau.
Concernant l’octroi des autorisations d’exploitation des sources d’eau, l’ONTH entreprend “une approche durable et responsable, qui ne compromet pas les droits d’accès des générations futures à l’eau et qui n’épuise pas la richesse hydraulique”, selon Ben Nasr.

A cet égard, tout homme d’affaires voulant investir dans ce domaine, est appelé à présenter des études hydrogéologiques, mesurant le potentiel hydraulique de la nappe. Ces études sont une condition sine qua non, pour l’octroi des autorisations.

Par ailleurs, le débit autorisé, par le ministère de l’Agriculture, ne doit pas dépasser les 5 litres par seconde, alors que le débit utilisé par les unités de conditionnement des eaux minérales est de 2,5 litres par seconde.

D’après Ben Nasr,” le volume d’eau exploité par l’activité de conditionnement des eaux minérales ne représente que 0,19 % de volume hydraulique annuel recensé par les services du ministère de l’Agriculture”. Ce taux est très minime, d’autant que plusieurs sources d’eau minérale demeurent non encore exploitées dans le pays, selon Elle.

Pour cette responsable, la nappe phréatique est plutôt affectée par les puits anarchiques qui exploitent massivement, et sans limite les sources d’eaux; alors que dans le domaine de l’exploitation des sources d’eau minérale, “aucun projet ne peut être érigé avant l’obtention de l’aval de toutes les parties prenantes, et spécialement le ministère chargé des Ressources hydrauliques “.

L’octroi des autorisations d’exploitation de tout nouveau projet est conditionné par le respect des conditions générales d’organisation et d’exploitation et de production dans le secteur des eaux conditionnées telles quelles sont définies par le cahier des charges relatif à cette activité.

Parmi les critères indispensables pour l’octroi des autorisations, figure la qualité de l’eau à embouteiller.” L’investisseur doit fournir obligatoirement, à l’administration une étude sur la qualité de l’eau, en se basant sur les résultats des analyses bactériologiques et physico-chimiques des eaux effectuées auprès de trois laboratoires au moins et durant une année hydrogéologique au minimum”.

L’étude doit démontrer la stabilité de la composition de cette eau, dans le temps, et l’absence d’élément indésirable conformément, aux normes en vigueur.

L’avis définitif par rejet ou approbation du dossier d’investissement revient à la commission consultative des eaux conditionnées, qui regroupe des représentants de plusieurs intervenants, dont l’INNORPI, les ministères de la Santé et de l’agriculture…, a-t-elle souligné.

Cette commission effectue des visites sur les lieux de l’investissement et vérifie l’engagement de l’investisseur, car l’eau est une richesse naturelle.

S’agissant du contrôle du secteur des eaux conditionnées, Ben Nasr a fait savoir que ce volet a été attribué à l’Instance nationale de la sécurité sanitaire des produits alimentaires, en vertu du décret gouvernemental n° 2021-74 du 21 janvier 2021, étant donné que l’eau conditionnée est considérée comme un produit alimentaire, faisant remarquer que l’objectif de cette instance est le regroupement de l’activité de contrôle des produits alimentaires au sein d’une seule structure.

Néanmoins, l’ONTH continue, dans le cadre de ses prérogatives, d’effectuer le contrôle préalable, l’examen et l’approbation des projets d’unités d’embouteillage des eaux avec l’appui de ses deux commissions consultatives, à savoir la commission des eaux conditionnées précitée et la commission médicale, a-t-elle fait remarqué à l’Agence TAP.
Et d’ajouter que les usines, eux-mêmes, font leur propre contrôle, chaque deux heures, pour vérifier la qualité des eaux, rappelant que l’ONTH effectue des visites de contrôle inopinées aux usines (l’unité, hygiène de personnel, point de prélèvement …) , à travers ses laboratoires mobiles, selon un programme fixé chaque année, et avec une fréquence bien déterminée.

Pour ce qui est du contrôle du transport et du stockage des eaux minérales aux niveaux des circuits de distribution, Ben Nasr a indiqué que ce volet relève des prérogatives du ministère du Commerce, faisant remarquer que l’office, à son tour, a fait des spots publicitaires pour sensibiliser les vendeurs détaillant et grossiste, quant à l’impératif de respecter les conditions de stockage des eaux minérales, étant donné leurs répercussions sur la dégradation de la qualité de l’eau.

Un cahier de charge régissant le contrôle du transport et du stockage des eaux minérales conditionnées dans les circuits de distribution, a été élaboré par l’ONTH et attend l’approbation des autorités.