Une bonne nouvelle pour les personnes arabophones qui rencontrent des difficultés à comprendre la chose économique – discipline souvent rédigée dans des langues étrangères. L’universitaire, économiste et statisticien, Mohamed Hédi Zaiem, vient de publier, en langue arabe, un ouvrage intitulé : «Les fausses pistes : pour que le corona ne soit pas une simple parenthèse».

Abou SARRA

Véritable exploit pour l’économiste francophone et auteur de « Nomades » (ouvrage qui traite de la croissance et du développement économique), le nouvel essai de Mohamed Hédi Zaiem se propose de répondre à quatre questions majeures :

– La pandémie du coronavirus, la Covid-19, a-t-elle sonné le glas à la globalisation ?

– L’après-pandémie va-t-elle favoriser le retour de l’Etat providence ?

– L’après-Covid-19 va-t-il provoquer l’émergence d’une nouvelle économie de savoir et de technologies ?

– Cette nouvelle économie sera-t-elle, pour les grandes puissances économiques en place, une simple opportunité pour se repositionner et continuer à gouverner le monde ?

Vers une nouvelle division internationale du travail

Réparti en douze grands chapitres, l’ouvrage traite dans cinq chapitres de scénarios d’une nouvelle configuration du monde avec à l’horizon « un nouvel accord de Yalta ».

Concrètement, Mohamed Hédi Zaiem s’attend, après la Covid-19, à la fin des fausses pistes que consacrent, jusque-là, la suprématie de certains concepts, systèmes, idéologies et valeurs.

Au nombre de ceux-ci figurent la globalisation libérale, le développement dans son acceptation classique, la valeur travail, la problématique de l’emploi et du chômage, l’idéal de l’égalitarisme progressiste…

Plaidoyer pour un modèle de développement résilient

Dans le reste des chapitres, Mohamed Hédi Zaiem explore ce qu’il appelle « les pistes difficiles» et l’émergence de nouveaux mécanismes de solidarité.

Au niveau social, il s’attend au retour d’anciens systèmes politiques tels que l’Etat social, l’Etat providence et son corollaire la prise en charge par la société de prestations publiques stratégiques à l’instar de l’éducation, de la santé, du transport. 

Au plan économique, Mohamed Hédi Zaiem appelle à un modèle de développement résilient, et propose une nouvelle priorisation des secteurs moteurs de développement en Tunisie. Dans cette perspective, il estime que le salut du pays passe non pas par l’accentuation de son industrialisation mais par la valorisation de l’agriculture et la promotion de l’économie sociale et solidaire (ESS), sans exclure une ouverture bien étudiée sur l’extérieur.

S’agissant de ce qu’il appelle la « Troisième division internationale du travail », il estime que le rapport asymétrique « dominant dominé » entre donneurs d’ordre et sous-traitants sera le même avec une probable exploitation des cadres tunisiens (ingénieurs, médecins, biologistes…) au nom de leur grande productivité en rapport avec leurs bas salaires.

Ce nouveau rapport, qui sera mis sur pied au nom de « l’illusion de partager », avec les pays développés, la révolution technologique dénommée “intelligence artificielle, industrie 4.0, agriculture 4.0“, ne vise en fait qu’associer les pays sous-traitants au partage des risques et à l’extension des marchés, dit-il.

Globalement, l’auteur considère que la pandémie du coronavirus constitue, pour le peuple tunisien, une opportunité qui ne se répètera plus pour enclencher, sur de nouvelles bases et valeurs, une révolution contre les inégalités et fausses solutions. L’ultime objectif étant de reprendre l’initiative et de faire profiter toutes les catégories sociales et régions des fruits du développement.