Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane El Abassi, estime nécessaire d’adopter un plan de relance économique pour la prochaine étape, lequel sera fondé sur un mécanisme de financement innovateur pour la restructuration des entreprises ayant souffert des répercussions de la pandémie du coronavirus.

Ce plan de relance économique est axé sur le renforcement des fonds propres des entreprises et l’adoption d’un mécanisme innovateur de soutien des entreprises possédant de grandes capacités de production et d’emploi, a-t-il ajouté devant la Commission des finances, de planification et de développement de l’ARP.

Cette séance a été dédiée à l’examen du rôle des banques dans le financement des entreprises ayant subi les effets de la pandémie ainsi que du rôle de la BCT dans l’incitation du secteur bancaire à jouer son rôle dans le financement de l’économie.

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Le plan de relance vise notamment à renforcer la stabilité financière, préserver le tissu économique et contribuer à la réduction du déficit commercial, à renforcer les attributs de la discipline financière dans la gestion des entreprises et à résoudre le problème des créances douteuse des banques, a-t-il dit.

Il permettra à l’Etat de préserver les emplois, d’améliorer le climat des affaires, la croissance et les indicateurs financiers des banques ainsi que d’instituer des avantages au profit des investisseurs dans les secteurs publics et privés.

Le plan de relance économique proposé est fondé sur le partenariat entre les différents opérateurs (Etat, banques, bailleurs des fonds et partenaires étrangers), ainsi que sur l’orientation du secteur privé vers l’investissement dans les fonds de restructuration, a-t-il expliqué.

Abassi a mis l’accent sur l’importance des mesures fiscales et financières d’accompagnement et la nécessité d’orienter toute les initiatives et fonds vers ce mécanisme pour garantir sa réussite.

Une mission pour la CDC…

Il propose de confier à la Caisse des dépôts et consignations (CDC) l’élaboration de ce plan, laquelle offrira des financements variant entre 1 et 3 milliards de dinars.

La BCT va bientôt entamer l’élaboration du cadre technique et du plan d’exécution du mécanisme de financement innovateur, objet de concertation avec le secteur bancaire.

Dans ces conditions, Abassi met en garde le gouvernement contre la non adoption, durant les prochains mois, de mesures décisives, ce qui risque de déclencher une crise financière grave et insupportable.

Un tel manquement de la part du gouvernement risque également d’augmenter le taux de faillite des entreprises d’autant que le mois de septembre prochain marque l’arrivée à terme du report du remboursement des crédits, ce qui ne manquera pas d’avoir un impact nocif sur la solidité du secteur bancaire, a-t-il averti.

Le pays fait face à plusieurs défis…

Par ailleurs, le pays fait face à plusieurs défis en raison de l’absence de visibilité politique et économique et la poursuite des pressions sur les indicateurs économiques, selon le gouverneur de la BCT.

La faiblesse des transactions économiques actuelles, dont la valeur n’a pas dépassé les 2 milliards de dinars, a créé une crise de confiance et engendré la méfiance des chefs d’entreprise et des problèmes de liquidité, a-t-il ajouté.

Le poids des entreprises publiques

Les entreprises publiques traversent une crise financière sans précédent, à l’instar du Groupe chimique, alors qu’elles assuraient auparavant des liquidités de l’ordre de 7 milliards de dinars aux banques en 2008.

Pour Marouane Abassi, il est impossible de poursuivre le financement et la structuration des entreprises au cours de la prochaine étape compte tenu de leur niveau d’endettement élevé.

Les crédits accordés par les banques sont en hausse continue, atteignant 16% de leurs engagements contre 6% en 2009, s’inquiète le patron de la banque des banques.