A la base, s’implanter à l’international n’était pas une nécessité pour DigitalMania. «A titre d’exemple, pour une bouteille d’eau qui se vend au Chili, le producteur a besoin de s’implanter ailleurs pour faciliter la distribution. Mais quand il s’agit de la production des jeux vidéo, tout est gérable à travers le digital et de n’importe quel pays au monde».

Sauf que ce sont les problèmes endémiques à la Tunisie qui encouragent les startuppeurs à s’installer ailleurs ou du moins à ouvrir des filiales dans d’autres pays.

DigitalMania s’est installée en Europe à cause de l’écosystème. «Nous manquons d’outils de travail, par exemple pour faire de la pub sur les réseaux sociaux. De là où je suis en Europe, je fixe le budget marketing, et en 30 secondes ma campagne est lancée. Essayez de faire la même chose en Tunisie, c’est presqu’impossible. Il faut trouver une agence avec laquelle vous pouvez vous entendre, vous assurer de sa disponibilité, et quand c’est fait, il faut que Facebook vérifie votre identité parce que vous venez de la Tunisie et ça demande du temps».

DigitalMania s’est implantée en Europe pour disposer des outils nécessaires à son activité, et évoluer dans un écosystème qui permet à l’entreprise de développer son activité sans être bloquée.

En Tunisie, le fondateur de DigitalMania a été confronté aux problèmes de régulation : tout ce qui se rapporte à la loi du change et à l’accès aux devises. «Le jour où le Start Up Act est sorti, nous avions déjà 8 ans d’existence et de galère. Et même si le Start Up Act aide pour le démarrage, pour le reste il n’est pas sûr qu’il soit aussi utile».

La décision de partir en Europe s’explique par une seule chose : la réactivité et la célérité.

Pour les start up, un jour, une seule semaine peuvent être décisifs, on ne peut pas dépendre des aléas des décisions du politique, il y a des entreprises qui ont été créées et à qui on a promis le PayPal en 2015. Malheureusement elles ont fait faillite sans que cette promesse soit tenue et leurs levées de fonds n’ont pas tenus. C’est dramatique !

Et parce que les nouvelles technologies avancent à la vitesse de la lumière, DigitalMania a préféré garder sa partie production en Tunisie, ouvrir un siège social à Malte et une filiale en France, en attendant une levée de fonds qui va lui permettre de pousser encore les frontières de la technologie pour la conception de jeux plus performants. Ceci, en attendant que les réformes et les lois nécessaires pour des régulations opérationnelles aient lieu en Tunisie. Il s’agit de choisir entre être en tête du peloton ou à la traîne du monde technologique.

A.B.A