Kromberg & Schubert est un site modèle dans le groupe sur le plan financier et a consolidé sa place en tant que leader sur le plan de la gestion de la crise sanitaire liée à la Covid-19, affirme Wissem Badri, directeur général Tunisie et Maroc. Le groupe, qui emploie plus de 3.200 personnes et dispose d’un centre de recherche et développement de 130 ingénieurs hautement qualifiés, compte renforcer sa présence en Tunisie et consolider son positionnement à l’international. Entretien. 

WMC: On décrit le management Kromberg & Schubert Tunisie comme un management responsable qui priorise la santé et le bien-être de ses ressources humaines. Comment avez-vous géré la crise Covid-19 ? Et comment cette pandémie s’est traduite sur votre activité ?

Wissem Badri: Depuis le déclenchement en Tunisie de la crise sanitaire liée à la Covid-19, notre stratégie a été axée sur la priorisation et la préservation de la santé de nos employés. Depuis toujours, nos ressources humaines sont au cœur de nos préoccupations majeures. C’est pour cette raison que le schéma directeur de notre stratégie concernant la pandémie tournait précisément autour de la préservation de la santé de nos collaborateurs.

Le 18 mars 2020, deux jours avant que l’Etat n’annonce le confinement général, nous avons décidé, après consultation de toutes les parties prenantes de l’entreprise, de suspendre le travail pour une durée de deux semaines, car nous étions devant une situation sanitaire critique, floue et indéterminée, et nous n’avons pas voulu risquer la santé de nos employés.

Aujourd’hui, avec du recul, et malgré des charges financière exceptionnelles et un résultat financier inférieur à celui planifié, nous pouvons dire que notre stratégie durant la pandémie de Covid-19 a été exemplaire à tous les niveaux.

Cette stratégie, qui se basait sur une forte communication interne, l’obligation de l’application des gestes barrières au sein de l’usine, d’un côté, et sur l’information sur les chiffres réels de la contamination de chacun de nos collaborateurs, a renforcé la confiance des salariés envers leur direction et leur engagement dans l’exercice des missions dont ils sont chargés.

Elle a aussi contribué à l’arrêt de la propagation du virus à l’intérieur de l’Usine.

Le confinement imposé par la pandémie a accéléré l’exercice du télétravail. Souhaitez-vous qu’il se développe davantage dans votre entreprise ?

Kromberg & Schubert Béja est une entreprise industrielle spécialisée dans la fabrication des câblages pour l’industrie automobile. Par conséquent, elle n’est donc pas adaptée pour l’exercice du télétravail. Notre modèle économique repose sur un travail manuel, en présentiel, ce qui rend les choses compliquées en cas de confinement général.

Durant le confinement général en Tunisie, seules la direction générale, la direction des ressources humaines, la direction de la communication et la direction de la santé et la sécurité au travail ont assuré la continuité du travail à distance. L’objectif du télétravail étant l’information, le maintien de la motivation et le maintien de l’engagement de nos employés qui étaient confinés chez eux.

Comment s’est traduit la crise de la Covid-19 sur le plan de l’emploi ?

Le challenge le plus important de 2020, après le déconfinement général, était le maintien de l’emploi. Un challenge de taille que nous avons géré dans un contexte d’incertitude, de manque de visibilité et de planification à la fois sur une échelle locale et mondiale.

Nous étions impactés fortement par la régression des ventes des voitures à l’échelle mondiale, et cela s’est traduit par la diminution des commandes et par l’irrégularité des pièces demandés (à la hausse ou bien à la baisse) ainsi que la planification qui est devenue court-termiste.

Grâce à notre politique générale dans laquelle la dimension humaine est importante, et en collaboration avec notre organe syndical de base, nous avons mis en place des démarches qui nous ont permis de sauvegarder les emplois au sein de notre entreprise. Le principe général étant «La masse portée par tout le monde devient une plume», comme dit le dicton tunisien.

Quelle est la particularité du site Tunisie ?

Le site tunisien, malgré tout ce que la pandémie a généré, demeure compétitif par rapport aux autres sites dans le groupe Kromberg & Schubert. Depuis 2017, il est un site modèle dans le groupe sur le plan financier et a consolidé sa place en tant que leader sur le plan de la gestion de la crise sanitaire liée à la COVID-19 : un plan de continuité d’activité a été déployé rapidement et une cellule de crise qui fut exemplaire tout au long de la propagation de la pandémie sur le territoire tunisien.

Il paraît que la reprise est aux portes. Tout est-il reparti comme avant ?

Nous sommes toujours optimistes mais avec une très grande prudence. L’année 2021 sera vraiment difficile en termes de business. C’est la conséquence économique de la crise sanitaire de 2020. Il faut redoubler d’effort et de vigilance pour ne pas passer à travers les choses les plus importantes.

Nous continuerons toujours à travailler sur le maintien de l’emploi dans la région de Béja.

La Tunisie pourrait-elle profiter des souhaits de certains donneurs d’ordre européens de délocaliser leurs usines d’Asie vers des pays beaucoup plus proches d’eux ?

En tant que directeur général de Kromberg & Schubert Tunisie et Maroc, je peux vous confirmer que nous avons tous les atouts pour accueillir des nouveaux investisseurs européens ou autres en Tunisie. Notre pays est riche par ses ressources humaines et par les compétences dans tous les domaines.

La Tunisie demeure compétitive compte tenu de son emplacement géographique par rapport à l’Europe, par ses avantages fiscaux octroyés aux IDE, mais aussi par rapport au coût de ses ressources humaines.

Il faut aussi profiter du taux de conversion du dinar par rapport à l’euro qui est un vrai levier de compétitivité de notre pays par rapport aux autres régions.

Maintenant, il faut une stratégie, de la vision et une planification claire de la part de l’Etat, ainsi qu’une réelle volonté politique pour attirer ces nouveaux investisseurs ; les compétences s’occuperont du reste !

Quels sont les projets de Kromberg & Schubert quant aux développements rapides du secteur de l’industrie des composants automobiles et touchant de nouvelles technologies hautement rentables et innovantes ?

A côté de l’aspect industriel de notre entreprise en Tunisie, le groupe Kromberg & Schubert a parié depuis 2008 sur le savoir-faire tunisien dans le domaine de l’ingénierie pour bâtir tout un centre de Recherche et Développement qui est basé au Pôle Technologique d’El Ghazela. Ce centre héberge aujourd’hui plus de 130 ingénieurs tunisiens hautement qualifiés et qui desservent tout le groupe sur tous les continents.

Ce centre de R&D œuvre pour un accroissement de ses projets futurs dans le domaine des nouvelles technologies innovantes du secteur de l’industrie des composants automobiles.

Entretien conduit par Amel Belhadj Ali