Ce fut une marche forcée et risquée vers la digitalisation que nous a fait vivre la crise sanitaire. Mais ce fut également un starter inespéré pour remettre l’objectif de digitalisation au cœur de nos préoccupations. Il faut penser à en activer le tempo.

Interrogée dans le cadre de notre HS sur la transformation digitale en Tunisie, Lamia Cheffai, de l’EFE (Education for Employment) qui dispense des formations pour les jeunes, assure qu’avec la survenue de la crise, toute l’équipe EFE-Tunisie a basculé en mode télétravail. C’était la seule issue pour ne pas suspendre notre activité étant donné que nous sommes en réseau avec l’international ainsi qu’avec notre structure aux Etats-Unis.

En fait, « d’une certaine façon, nous pratiquions le télétravail, auparavant car nous sommes en rapport avec les autres ONG membres du réseau à l’étranger. Cependant, avec l’épisode de la Covid-19, nous avons vécu une véritable transition systémique. Je dois reconnaître que l’opération s’est avérée de grande efficacité, dit-elle. Et en activant des plateformes de formation à distance, nous avons profité de l’occasion pour accélérer nos projets de transformation digitale. Je cite particulièrement la plateforme “Sa7ti.tn” réalisée en collaboration avec l’Institut des métiers de la santé et avec l’appui de l’ambassade des USA, et destiné au personnel médical et paramédical pour le soutenir dans la lutte contre la Covid-19 ».

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Par ailleurs, quand on lui dit que l’ANCE avait vécu l’aboutissement du processus de la signature électronique, et que cela pourrait une clé fondamentale pour la digitalisation dans notre pays, Chaffai explique que «… l’ANCE a été promue pour jouer le rôle de tiers de Confiance afin d’assurer un environnement de confiance pour les transactions et les échanges électroniques et d’octroyer la signature électronique pour les documents électroniques. Il ne vous échappe pas que pour insérer ces deux éléments sur le Net, il fallait au préalable leur conférer la valeur probante, c’est-à-dire leur conférer une valeur juridique à l’instar des documents physiques, en papier ».

Pour étayer ses dires, elle cite la loi 2000-83 du 9 août 2000 qui a initié la création de la signature électronique. « J’ai moi-même rejoint l’ANCE en septembre 2004 et déjà à l’époque, les télédéclarations, fiscales et sociales notamment, étaient en service, et le service de banque en ligne de la Poste CCPNet était opérationnel ».

En outre, l’ANCE offrait aussi les certificats électroniques pour sécuriser les échanges et le commerce électronique, ce qui d’ailleurs avait permis d’assurer la sécurité de transactions des sites électroniques marchands de nombreuses entreprises de renom dont Tunisair, devenu depuis le premier site de commerce électronique en Tunisie, rappelle-t-elle.

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Concernant la stratégie Tunisie Digitale 2025, Lamia Chaffai indique qu’elle est «… confiante au vu de l’effervescence qui a marqué la réalisation des projets de digitalisation lors de la crise de Covid-19. Je pense que la digitalisation de l’administration sera touchée par cette même grâce et continuera sur cette lancée rapide ».

Selon elle, « la plateforme “Tech4Tunisia”, à promouvoir par le ministère des Technologies de la communication et la Transformation numérique, imprimera à la dynamique de la digitalisation un deuxième souffle… Elle favorisera un partenariat entre le public, les entreprises Tech du privé, les Start up ainsi que les Centres de recherche universitaires, ce qui me semble être un attelage prometteur et du meilleur effet ».

Dans cet ordre d’idées, elle affirme que «… dans cette perspective, il convient que chaque partie joue son rôle, et je pense naturellement au public comme au privé ainsi que la société civile ».

Enfin, Lamia Chaffai juge le “Start Up Act“ d’initiative est remarquable. « La labellisation des start up est un préalable bénéfique qui ouvre la voie au financement de la Start up et qui la prédispose aux incitations diverses. C’est une réalisation considérable pour développer l’écosystème de l’innovation dans notre pays ».

Ali Abdessalam