Les transitions démographiques ont une grande importance en termes de croissance et de structure de la population. C’est un phénomène universel et inéluctable qui est lourd de conséquences économiques et sociales.

En Tunisie, nous avons enregistré un record absolu de naissances en 2014, avant qu’elles baissent à un rythme faible. Encore une fois, ce constat émanant de la moyenne nationale cache bien des aspects cruciaux dans ses détails.

1- Ce recul depuis 2014 du nombre de naissances concerne plus les zones urbaines que les zones rurales -où on assiste plutôt à une véritable explosion démographique.

2- Cette croissance fulgurante de naissances concerne plus les ménages pauvres et vulnérables que la classe moyenne ou aisée.

3- Cette performance démographique, qui est donc plutôt rurale et touche les pauvres, est située dans les zones de l’intérieur du pays et au sud et non pas sur le littoral.

Ces constats me poussent à m’interroger sur le devenir d’un acquis et une fierté jadis de la Tunisie moderne, en l’occurrence le programme de la planification familiale, les caravanes qui sillonnaient l’ensemble du territoire en mettant en exergue la santé de la maman et à travers elle on inculquait le bien-être social de toute la famille, les campagnes de sensibilisation et la distribution de moyens contraceptifs gratuitement. La Tunisie était championne africaine et arabe en la matière.

Comment expliquer ce relâchement post-révolution en termes de politique de planification familiale ? Pourquoi cet abandon à assister, accompagner et surtout soutenir la femme rurale ? Est-ce un problème de moyens ou c’est plutôt un problème idéologique derrière ?

Tout un tas de questions sans réponses, mais une chose est sûre: c’est une autre forme d’absence de l’Etat !

Safouene Ben Aissa