Pollution atmosphérique : un enjeu plus que jamais d’actualité à l’heure de la COVID-19 (Banque Mondiale)

La pollution de l’air est un facteur de risque qui aggrave probablement les conséquences de la pandémie de Covid-19 sur la santé. Et cette situation doit nous préoccuper étant donné que la qualité de l’air ne s’est pas améliorée de façon uniforme durant le confinement, souligne une étude publiée récemment par la Banque mondiale ayant pour titre: “La Pollution atmosphérique : un enjeu plus que jamais d’actualité à l’heure de la pandémie de Covid-19”.

De nombreuses études suggèrent qu’il existe une corrélation entre la pollution de l’air et les infections au coronavirus. Les épidémiologistes étayent ces conclusions empiriques en relevant trois types d’effets de la pollution de l’air sur la pandémie de Covid-19 : augmentation du risque de transmission, accroissement de la sensibilité et aggravation de la gravité de l’infection, selon l’étude.

Lien entre pollution atmosphérique et Covid-19? 

Sachant que le virus se transmet par la propagation aérienne de gouttelettes provenant d’une personne infectée, notamment lorsqu’elle éternue ou tousse, et que la toux est une réaction courante à la pollution atmosphérique, il est probable que celle-ci favorise la transmission.

Par ailleurs, la pollution peut accroître la sensibilité à l’infection. Les voies respiratoires supérieures – où les gouttelettes virales sont le plus susceptibles de se déposer – sont tapissées de cellules porteuses de micro-cils vibratiles.

Ces cils déplacent le mucus où sont emprisonnées les particules virales et le poussent vers le nez, duquel il est évacué dans un mouchoir en papier ou bien vers la gorge où il est avalé, ce qui empêche le virus de pénétrer dans les poumons.

Or, la pollution de l’air dégrade les cellules de la muqueuse interne, de sorte que les cils sont détruits ou empêchés de jouer leur rôle, rendant ainsi la personne plus sensible à l’infection par le coronavirus.

Enfin, il est de plus en plus évident que les personnes souffrant de maladies chroniques préexistantes (pathologies cardiaques, diabète, affections pulmonaires chroniques non asthmatiques et maladies rénales chroniques) constituent la majorité des personnes hospitalisées en raison de la Covid-19. Or la pollution atmosphérique est un facteur de risque pour toutes ces maladies et contribue par là même à la gravité de l’infection, a indiqué la même source.

A ce stade, on ne peut pas affirmer avec certitude l’existence de liens entre Covid-19 et pollution atmosphérique, étant donné qu’il est impossible de dénombrer avec précision les cas d’infection ou même les décès dus à la maladie.

En outre, les effets sont influencés par des facteurs tels que la capacité des établissements de santé, leur accessibilité et la volonté de chacun de se rendre à l’hôpital. Néanmoins, sur la base de nos connaissances actuelles et comme indiqué plus haut, on peut raisonnablement postuler un lien général entre la pollution de l’air et les infections respiratoires.

Appel à la poursuite de la lutte contre la pollution…

Les programmes gouvernementaux de lutte contre la pollution de l’air doivent se poursuivre et les plans de relance ne sauraient être l’occasion d’assouplir les réglementations environnementales.

Par ailleurs, les activités susceptibles d’entraîner des pics de pollution atmosphérique à court terme, comme le brûlage des résidus de culture, devraient être découragées.

Qu’arrivera-t-il une fois que les pays auront levé le confinement et que l’activité économique reprendra ? L’air redeviendra-t-il plus pollué ou bien les pays sauront-ils tirer parti de leurs programmes de relance pour renouer avec une croissance plus forte et plus propre ? Ce sont là des questions importantes, car le risque est grand que la pollution atmosphérique revienne aux niveaux d’avant la pandémie, mais aussi qu’elle s’aggrave si les réglementations environnementales sont assouplies pour favoriser la croissance économique.

Plans de relance verte…

L’expérience des pays ayant mis en place des plans de relance verte au moment de la crise économique de 2008 permet néanmoins de tirer quelques enseignements et de penser qu’il est possible de renouer avec une croissance plus propre.

Le plan de relance verte est un ensemble de politiques et de mesures budgétaires qui contribuent à stimuler l’activité économique à court terme, à créer les conditions d’un accroissement de la production à long terme et à améliorer les résultats environnementaux à court et à long terme.

Les dispositions qui incitent les entreprises à investir dans des technologies visant à réduire la pollution de l’air ne constituent pas à elles seules des plans de relance verte. D’autres mesures favorisant la demande sont également nécessaires, notamment les programmes d’achats publics privilégiant des fournisseurs plus propres.

Pour répondre à cette question, il faut d’abord comprendre d’où vient la pollution de l’air. Les études concernant les particules fines suggèrent que plusieurs facteurs contribuent à leur concentration dans l’atmosphère.

Si les moyens de transport sont une source majeure, d’autres secteurs comme la production d’électricité, l’industrie, la consommation de biocarburants domestiques et l’agriculture participent aussi de la pollution aux PM2,5. Tout programme de réduction de la pollution de l’air doit donc s’appliquer à plusieurs secteurs.

En dépit de l’amélioration de la qualité de l’air de certains éléments…

En conclusion, bien que certains éléments de la qualité de l’air se soient améliorés, les polluants les plus nocifs (les PM2,5) sont toujours présents malgré le confinement. De surcroît, ces particules augmentent probablement la transmission et la gravité des infections dues au coronavirus.

C’est pourquoi les responsables politiques ne devraient pas placer la lutte contre la pollution de l’air au second plan pendant cette période.Dans un premier temps, les gouvernements pourraient adopter les mesures suivantes :

A court terme, les pays devraient poursuivre la mise en œuvre des programmes de lutte contre la pollution atmosphérique et ne pas assouplir les réglementations environnementales au nom de la croissance économique. Il conviendrait aussi de décourager l’exercice d’activités susceptibles d’entraîner une hausse de la pollution de l’air à court terme.

Alors que les pays centrent leur action sur la reprise économique, ils devraient adopter des plans de relance verte afin de favoriser la croissance tout en réduisant la pollution. C’est possible.

Enfin, disposer de données est indispensable. Il est important que chaque pays mesure toute la gamme des polluants et publie ces informations en temps réel. Une combinaison de capteurs au sol et de données satellites permettra de dresser un bilan plus précis de la situation.