La ministre des Affaires Culturelles, Chiraz Laatiri, a tenu, mardi, à la Cité de la Culture, une conférence de presse au cours de laquelle elle a présenté le bilan de ses trois premiers mois à la tête du ministère et les grandes lignes de son programme.

La ministre a tenu à rappeler que sa nomination à la tête du ministère a coïncidé avec la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus disant que son département avait œuvré à limiter les répercussions du Covid-19 sur le secteur, à travers le soutien aux artistes et aux divers acteurs culturels.

Laatiri a parlé d’ “un projet complet” qu’elle ambitionne de réussir à la tête du ministère à travers “l’instauration d’un climat de confiance entre l’artiste et les institutions relevant du ministère”.

Le droit à la Culture pour tous, la diversité et la pluralité culturelle ainsi que le soutien renforcé à la décentralisation dans le secteur sont également parmi les objectifs mentionnés par la ministre. Elle a évoqué une vision qui émane de sa “conviction du rôle de la culture dans la création de la richesse dans le secteur économique.”

La culture a été l’un des secteurs les plus touchés par les répercussions de la pandémie, a-t-elle estimé, avec un nombre de manifestations culturelles annulées ou reportées qui avoisine les 700. La création du Fonds Relance Culture (FRC) avait permis d’accorder des aides exceptionnelles pour 1500 artistes en plus des subventions du l’Organisme tunisien des droits d’auteur et droits voisins (OTDAV) qui ont bénéficiées à 3000 artistes et créateurs, a-t-elle encore dit.

Problèmes de gestion et des dettes datant de 2019

La question des dettes des institutions relevant du ministère a été également au menu de la Conférence. Selon Laatiri, les engagements du ministère durant l’année 2019 dépassaient le budget consacré au secteur culturel.

Citant l’exemple de l’Etablissement national pour la promotion des festivals et des manifestations culturelles et artistiques, la ministre a indiqué que cette institution cumule des dettes de l’ordre de 200 %.

“Un budget important a été alloué aux festivals aux dépens des projets de l’aménagement et l’équipement des institutions culturelles”, a encore dit la ministre. Cette gestion du secteur avait conduit à la fermeture de certaines institutions qui menacent de tomber en ruine”.

L’approche du ministère actuel est donc orienté vers “le paiement des dettes et la réalisation de l’équilibre entre le soutien financier accordé aux festivals et manifestations d’une part et celui consacré aux institutions culturelles”, a déclaré la ministre.

Elle a encore indiqué que les festivals et manifestations accaparaient, durant l’année précédente, 74 % du volume du budget du Fonds d’encouragement à la création littéraire et artistique qui est initialement dédié à soutenir les créateurs et les producteurs”.

Projet de loi sur le statut de l’artiste

Au sujet du projet de loi sur le statut de l’artiste et les métiers d’art récemment retiré de l’Assemblée des représentants du peuple, Laatiri dit avoir exprimé son refus du brouillon de ce projet de loi, lors de son audition par la Commission de la Jeunesse et des affaires culturelles, de l’éducation et de la recherche scientifique à l’ARP.

La ministre a rappelé que cette copie était parvenue à l’ARP en 2017 affirmant que le ministère n’adopte pas le projet dans sa formule actuelle. Il souhaite plutôt “la modification de certains chapitres à caractère répressif en concertation avec les artistes et les organismes professionnels et les divers intervenants dans le secteur de la créativité et des arts”.

Ce brouillon largement contesté avait récemment fait l’objet d’une journée de réflexion à la Cité de la Culture, avec les artistes et professionnels qui exigent la révision de la copie actuelle.

Autour de la situation des contractuels

Dans une déclaration à la TAP, la ministre a assuré que le ministère compte examiner la situation des contractuels culturels en vue de réviser la formule de leurs contrats avec l’Etablissement national pour la promotion des festivals et des manifestations culturelles et artistiques et leur garantir le droit à la couverture sociale.

Elle a encore promis d’augmenter le nombre des séances pour les professeurs dans les Instituts de musique qui seront portées à 6 séances au lieu de 3 actuellement.