Les entreprises opérant dans le domaine des énergies renouvelables ont été fortement impactées par le confinement sanitaire observé dans le cadre de la lutte contre la Covid-19 en Tunisie, a indiqué, jeudi 21 mai, le président de la Chambre syndicale du photovoltaïque (CSPV), Ali Kanzari, lors d’un webinaire sur ” Les répercussions du COVID-19 sur l’avancement de la stratégie de développement des énergies renouvelables en Tunisie “, organisé par la Chambre tuniso-allemande de l’industrie et du commerce (AHK).

A l’échelle internationale, ” le confinement suite à la Covid-19 a fortement perturbé le développement des énergies renouvelables. Toute l’industrie photovoltaïque et éolienne dans le monde a été mise à l’arrêt. Les transports maritimes, aériens et terrestres sont ralentis, ce qui a eu pour conséquence la suspension de la chaîne d’approvisionnement et l’arrêt des projets EnR.

Les projets en service ne nécessitant pas une présence humaine (parcs éoliens et photovoltaïques) ont continué à produire. L’impact économique et social sur les entreprises et l’emploi est énorme, précise Kanzari.

Au plan national, ” les projets déjà en service, notamment ceux de la STEG (les parcs éoliens, PV Tozeur, les centrales hydroélectriques…) ont continué à produire “. Toutefois, “pour les grands projets IPP (projets de production d’énergie indépendante), les mesures de confinement ont perturbé les autorisations administratives, retardé l’étude d’impact environnemental de la saison du printemps, ce qui engendrera un retard d’une année pour les projets en question “.

Par ailleurs, ” les autorisations du ministère de la défense nationale pour l’éolien ont été bloquées et donc il n’y a pas de projet éolien en construction. Les chantiers en construction sont pour la plupart, à l’arrêt, les raccordements au réseau, repoussés, et les activités des fabricants, fournisseurs et sous-traitants, suspendues ou réduites “.

S’agissant des PME et des installateurs PV et solaire thermique, Kanzari souligne que ” les opérateurs intervenant dans le cadre des programmes PROSOL-ELEC et bâtiments solaires, sont fortement impactés par le confinement. Ces opérateurs font face à des problèmes au niveau de la prospection commerciale et de l’approvisionnement. Les chantiers de construction sont pour la plupart, à l’arrêt, les raccordements au réseau, repoussés “.

Ces opérateurs, ajoute-t-il, ont aussi été confrontés à des retards au niveau du traitement des dossiers d’installations photovoltaïques, raccordées au réseau pour les clients résidentiels et le secteur commercial. Ils subissent également des retards au niveau des délais de paiement des subventions allouées pour les installations photovoltaïques en raison de la non disponibilité des moyens humains de l’administration et des fonds autorisés au niveau de l’ANME, ce qui a affecté la trésorerie des entreprises, les mettant, pour la majorité, dans l’impossibilité de respecter leurs engagements envers leurs employés, banques, fournisseurs, administration fiscale et CNSS “.

Face à cette situation, Kanzari fait savoir que ” la Chambre a mené des contacts avec le ministère de l’Energie, le PDG de la STEG et le DG de l’ANME qui ont abouti au déblocage partiel des subventions ANME et des crédits STEG.

La CSPV a par ailleurs alerté l’UTICA et les ministères de l’Energie et des Finances quant à la lenteur des procédures et la complexité des conditions d’octroi des crédits, dans le cadre des lignes de crédits allouées à ce secteur.

Kanzari appelle les autorités à soutenir ce secteur et à prévoir les mesures à même d’assurer sa résilience et sa relance.

Moins pessimiste, le DG de l’électricité et des énergies renouvelables au ministère de l’Energie, des Mines et de la Transition énergétique, Belhassen Chiboub, a affirmé que la crise liée à la Covid-19 a légèrement freiné les projets des énergies renouvelables en construction, mais qu’elle n’a pas engendré des annulations de projets ni un arrêt de la stratégie nationale visant à intégrer les énergies renouvelables dans la production d’électricité à hauteur de 30%, voire plus à l’horizon 2030.