Les Etats-Unis d’Amérique ont mis fin, vendredi 8 mai 2020, un projet de résolution porté par la Tunisie et la France sur la pandémie de Covid-19.

“Négocié laborieusement depuis près de deux mois, le texte vise principalement à soutenir un appel à un cessez-le-feu du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterre, lancé le 23 mars pour faciliter la lutte contre la maladie dans les pays en crise ou en guerre”, écrit Le Point.

Pourtant, jeudi 7 mai, “les Américains avaient donné leur accord”, indiquent des négociateurs sous couvert de l’anonymat.

Selon la “dernière version du projet” obtenue par l’AFP faisait mention d’une “cessation des hostilités” et d’une “pause humanitaire pendant 90 jours” pour faciliter l’aide aux populations les plus éprouvées, “une coordination renforcée” entre membres de l’ONU.

Mais ce qui a le plus poussé les Américains à s’opposer au texte, c’est cette mention stipulant “la nécessité urgente de soutenir tous les pays comme les entités pertinentes du système des Nations unies, y compris les agences de santé spécialisées”. Or, il faut rappeler que les Etats-Unis ont claqué la porte de l’OMS dont ils accusent d’être “laxiste” envers la Chine concernant la pandémie de Covid-19.

Vent debout contre cette agence onusienne accusée de manquer de transparence et d’avoir tardé à prévenir des terribles conséquences à venir de la pandémie, Washington a menacé d’utiliser son veto si une mention explicite était faite à l’OMS. Pékin a aussi brandi son droit de veto mais si aucune référence ne lui était faite, un point soutenu par d’autres membres du Conseil de sécurité.

D’ailleurs, voici comment un responsable du département d’Etat sous couvert d’anonymat, cité par l’AFP, a justifié le refus américain: “De notre point de vue, l’objectif devrait être de soutenir l’appel du secrétaire général à un cessez-le-feu dans le monde et non de servir les faux discours de la Chine sur le déclenchement de la pandémie à Wuhan”.

Il ajoute: “Le Conseil devrait aller de l’avant soit avec une résolution limitée à un soutien au cessez-le-feu, soit avec une résolution élargie parlant pleinement du besoin d’un engagement renouvelé des Etats membres à la transparence et à la responsabilité dans le contexte du Covid-19. La transparence et des données fiables sont essentielles pour aider le monde à combattre la pandémie en cours, et la prochaine”.

Pour l’ambassadeur français à l’ONU, Nicolas de Rivière, il n’est pas question de baisser les bras, mais de “… continuer à rechercher un accord s’il y a un espace pour cela”.

L’ambassadeur tunisien, Kais Kabtani, abonde dans le même sens: “Les consultations se poursuivent pour convaincre les Américains”, lequel promet la reprise de la procédure pour aller à un nouveau vote, souligne l’AFP.

Reste maintenant à ce demander si les rencontres de l’ambassadeur des USA à Tunisie avec des ministres tunisiens ces derniers jours ne visaient à prépaper ses interlocuteurs à vote négatif.

Affaire à suivre.