C’est un phénomène qui persiste, depuis une décennie, mais qui a tout l’air de devenir une malheureuse tradition. Les premiers responsables du pays ont cette fâcheuse tendance à poser, en public, des problématiques graves, le plus souvent aux relents scissionnistes alors que, de par leur fonction, ils sont les premiers habilités à leur apporter les meilleures réponses.

L’exemple de deux présidents de la République et de deux gouverneurs de la Banque centrale de Tunisie méritent qu’on s’y attarde.

Nous avons consacré le premier articale à une interrogation du président de la République, Kaïs Saïed. Ce deuxième article concerne la campagne « Winou El petrol » de Mohamed Moncef Marzouki, ancien président provisoire au temps de la Troïka.

Tout a commencé en mai 2015, avec la campagne lancée sur le net «Winou El Pétrole» (Où est le pétrole ?) sur instigation de Moncef Marzouki. Cette campagne, soutenue par les partis du Congrès pour la République (CPR), d’Attayar, outre certaines ONG et de composantes de la société civile, a meublé des semaines les réseaux sociaux.

Objectif : revendiquer, de l’administration centrale, davantage de transparence à propos des ressources énergétiques du pays et des contrats d’exploitation.

Une campagne qui a failli diviser le pays

Pour mener cette campagne, ses initiateurs ont instrumentalisé des experts pétroliers autoproclamés, et exploité de manière malhonnête un rapport de la Cour des comptes sur le secteur de l’énergie.

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Cette campagne a failli faire mouche et diviser le peuple tunisien en communautés du sud et en d’autres du nord n’eut été la qualité des argumentaires convaincants fournis par l’administration tunisienne et d’experts internationaux indépendants dont l’Agence internationale d’énergie (AIE).

S’agissant du rapport de la Cour des comptes, une lecture avertie de ce document a montré qu’à aucun moment ce document n’a évoqué des défaillances telles que la malversation et le détournement de la production, et ce contrairement à ce que lui ont font dire, à l’époque, les faux experts. Le rapport n’a fait qu’à attirer l’attention sur la mauvaise gouvernance des entreprises publiques en charge du secteur de l’énergie (STIR, STEG, ETAP…).

L’argumentaire des experts dément les initiateurs de la campagne

Concernant l’affirmation faite par les initiateurs de cette campagne que la Tunisie baigne dans l’huile de pétrole et que «l’Etat ne perçoit que des miettes de ces ressources», un benchmarking international a démontré qu’en termes de fiscalité pétrolière globale, le Trésor tunisien perçoit près de 80% des recettes, la Tunisie se classant parmi les pays où la part qui revient ainsi à l’Etat est la plus élevée.

Au rayon des potentialités de la Tunisie en matière d’hydrocarbures, de l’avis d’experts internationaux, les réserves connues exploitables de pétrole et de gaz ne permettent plus d’assurer une production suffisante d’hydrocarbures à même d’équilibrer la demande intérieure.

Les ressources potentielles permettraient de répondre en partie à la demande croissante et de réduire notre déficit énergétique.

Toujours selon ses experts, dont le groupe international Shell, les perspectives les plus prometteuses portent sur le gaz de schiste. Il y aurait, d’après la même source, de quoi combler nos besoins gaziers pour plusieurs décennies.

Seulement, en l’absence d’une étude d’impact sur l’environnement, cette ressource d’énergie non conventionnelle, réputée être extrêmement polluante, est rejetée avec fermeté par la société civile tunisienne. L’étude d’impact recommandée, à cette fin, depuis 2015, tarde à venir. Elle serait renvoyée aux calendes grecques tout comme la révision promise du code des hydrocarbures.

Cela pour dire que l’ancien président provisoire, Marzouki, qui disposait de beaucoup de pouvoirs, aurait pu au moins s’informer de la réalité des choses en matière d’énergie.

Malheureusement, il a choisi d’exploiter l’opacité et la mauvaise gouvernance dans ce secteur pour semer la zizanie dans le pays, heureusement sans atteindre ses objectifs maléfiques.

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La situation a beaucoup évolué depuis. Les partisans des énergies propres et vertes commencent à marquer d’importants points en poussant le gouvernement à développer les énergies renouvelables et à abandonner de plus en plus les lobbys fossilistes.

Suivra la troisième partie.

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