La réaction du gouvernement sur le plan économique a été relativement, à la hauteur, vu les moyens disponibles, cependant, plusieurs autres mesures auraient pu être prises, surtout sur le plan monétaire et financier” a indiqué à l’agence TAP, l’universitaire et économiste, Aram Belhadj.

Avant la pandémie du coronavirus, estime-t-il, “la Tunisie était déjà confrontée à de multiples défis : croissance, stabilité macroéconomique, endettement, réformes, etc.

La crise du covid-19 est venue aggraver la situation, avec un arrêt de l’appareil productif, une demande additionnelle sur les produits de consommation, des ressources financières supplémentaires à chercher, une classe pauvre à protéger, des emplois à sauver”.

Et d’ajouter “économiquement parlant, la réaction du gouvernement a été relativement, à la hauteur, vu les moyens dont il dispose. Le package annoncé conjointement, par le gouvernement et la Banque centrale, est venu amortir un choc substantiel : décalage des échéances fiscales, baisse du taux directeur, facilités de financement, distribution des aides sociales.

Elles sont toutes des mesures importantes dans un contexte où il faut à la fois sauver des vies et des emplois, protéger le tissu économique et garantir un minimum vital pour les plus fragiles”.

Cependant, considère-t-il, ” beaucoup de mesures auraient pu être prises, surtout sur le plan monétaire et financier.

En effet, avec un taux d’intérêt directeur qui demeure toujours supérieur au taux d’inflation, la BCT aurait pu abaisser ce taux d’au moins 75 points de base supplémentaires.

Des opérations du ” Quantitative Easing ciblé ” (Assouplissement quantitatif ciblé) auraient également pu donner une bouffée d’oxygène pour les entreprises productives opérant dans des secteurs stratégiques “.

Cet assouplissement est une technique utilisée par les banques centrales en période de crise, consistant à acheter des titres monétaires ou obligataires, en contrepartie de la liquidité au profit des entreprises.

Toujours selon notre interlocuteur ” les autorités tunisiennes ont clairement, encore devant elles quelques niches à exploiter : la responsabilisation de la communauté internationale (BM, FMI, UE, etc) mais aussi, la mobilisation des ressources via des leviers nationaux : accélération des remboursements des crédits d’impôt, fonds de solidarité, financement direct de la Banque centrale, impôts exceptionnels sur les grands groupes, etc.”.

Et de conclure ” la Tunisie traverse la plus grande crise de son histoire. Seuls un effort généralisé des opérateurs nationaux et un appui important des acteurs multinationaux nous rendront capables de traverser cette période très sensible “.