Il y aura un avant et un après Corona. En effet, ce malheur qui a touché la planète entière a été plus désastreux dans certains pays plutôt que d’autres.Â
Cette épidémie a montré, en tout cas pour ce qui a de la Tunisie, les limites de notre système de santé publique, sous-équipé, dépassé et qui ne dispose même pas de certains minima, comme les casques.
Une industrie pharmaceutique insuffisante et incapable de fabriquer de simples masques et du gel, mais également qui n’a pas pas la capacité de se transformer rapidement pour faire face à de nouvelles demandes ou de produire de nouveaux médicaments.
Il faut noter que la Chine a été capable de transformer une usine aéronautique en une fabrique de masques en 7 jours. Et qu’en France les chaînes de montage de voitures ont été transformées pour produire des masques.
Un système bancaire archaïque et qui manque d’imagination et sous-digitalisée avec seulement 4 millions de cartes bancaires pour 12 millions d d’habitants.
Il est incapable de lancer rapidement des cartes bancaires prépayées, ou d’avoir des systèmes automatiques pour les remises de chèques ou en espèces.
Nos agences bancaires continuent à recevoir les clients pour un simple versement chèque, ou versement en espèces, ou encore des retraits en espèces.
Nous pensons que les banques devraient profiter de cette situation exceptionnelle pour lancer une opération de suspension de retrait en espèces dans les agences sauf pour les entreprises et sur demande explicite écrite.
Il faudra voir chaque jour les longues files devant les bureaux de poste pour retirer de l’argent ou faire des mandats. Et ceci va s’amplifier dès le début de la distribution des aides de l’Etat pour les familles nécessiteuses.
Qunat aux opérateurs télécoms ils doivent être autorisés à lancer des services financiers avec des cartes prépayées et d’autres services comme les virements de compte à compte virtuel, les paiements à distance… afin d’éviter les attroupements devant les bureaux de la Poste.
Nos opérateurs ont la capacité de le faire de suite si la BCT donne son aval au moins provisoirement pour 6 mois. Seuls les opérateurs télécoms sont actuellement prêts pour lancer de suite le FinTech. Car ils disposent de plateformes technologiques déjà déployées avec un réseau maillé.
Les magasins et les supermarchés continuent à recevoir de l’argent en liquide et à remettre des pièces de monnaie, ce qui est un risque élevé de transmission de maladie, notamment les virus.
Elles doivent suspendre ainsi provisoirement le paiement en cach et délivrer des cartes prépayées rechargeables à distance ou via des comptes bancaires.
Les administrations et les services publics sont en retard considérable en termes de services digitaux.
Que peut-on faire à distance avec la CNSS, la CNRPS, la CNAM ?Pratiquement rien, outre les télédéclaration pour les entreprises.
Aucun service a distance pour les citoyens.
Cette crise a montré une administration totalement archaïque moyenâgeuse et incapable de transformation.
Le ministère de la Fonction publique et celui des TIC doivent faire la liste des services digitaux et doivent mobiliser des budgets conséquents pour la transformation digitale de l’administration.
Les entreprises publiques doivent revoir leur stratégie digitale en renforçant leurs plateformes de E@services et de paiement en ligne.
Juste pour exemple, le serveur de la STEG, mal dimensionné pour un flux important, se trouve totalement dépassé et plusieurs clients n’arrivent pas à regler leurs factures en essayant à le faire sur plusieurs jours du fait de la saturation.
Bref, la Tunisie se réveille sur l’image d’un pays attardé, sous-équipé, sous-développé et sous-digitalisé.
Nos responsables politiques et économiques doivent en tirer les conséquences pour arrêter nos limites et lancer de grands chantiers de transformation digitale.
Cette catastrophe doit être pour nous tous l’occasion de consommer la rupture et d’entrer de plain-pied dans l’ère du Digital.
Maarouf