“La Tunisie est appelée à renouer avec la production, nous sommes devenus depuis 10 ans sinon plus, un pays qui consomme beaucoup, qui ne produit pas assez, importe beaucoup et exporte peu”, affirme l’expert économique et homme d’affaires, Radhi Meddeb.

“Il faut donc, corriger les anomalies aux niveaux de ces quatre dimensions: production, consommation, exportation et importation”, ajoute-t-il à l’Agence TAP.

Interrogé sur la nécessité de changer de modèle de développement, terme galvaudé par les politiques depuis la révolution, Meddeb, note la place de moins en moins importante des idéologies dans le monde, au profit d’une tendance à favoriser l’efficacité et la performance, affirmant qu’il ne s’agit pas de mettre en place un modèle de développement en rupture avec l’ancien”, mais plutôt de comprendre les insuffisances et les dysfonctionnements du modèle actuel, en vue d’identifier les modifications et les réformes nécessaires pour aller vers plus d’efficience “toujours dans la solidarité et l’inclusion”.

Pour lui, “lorsqu’on dit que l’ancien modèle à atteint ses limites, c’est parce qu’il n’a pas réussi à intégrer tous les Tunisiens et de leur donner la chance de contribuer et de jouer le rôle de citoyen responsable. L’ancien modèle n’est pas à jeter tel le bébé avec l’eau de bain, au contraire il y a beaucoup de choses à retrouver dans l’ancien modèle et à améliorer pour plus de performance”.

A cet égard, le pays est appelé à produire plus notamment, dans les secteurs dans lesquels, il possède des avantages compétitifs, estime-t-il, faisant remarquer que l’Etat doit en concertation avec les professions, identifier les conditions d’une plus grande compétitivité, aussi dans les secteurs anciens (textile ..) que dans les nouveaux tels que l’éducation, la santé, les services à haute valeur ajoutée, l’infrastructure et la gestion des services publics urbains.

Au niveau de la consommation, l’expert recommande de rationaliser la consommation et d’aller vers un modèle de consommation plus respectueux de l’environnement, notant que 25000 hectares de terres agricoles, sont détruits annuellement, en Tunisie, sous le double effet de l’érosion et de l’urbanisation, ce qui revient à perdre sur une génération (30 ans) l’équivalent de la surface du Cap bon en terre arables. “Nous devons également rationaliser notre gestion de la terre, de l’eau.

En 1960, chaque tunisien bénéficiait de 1025 m3 de l’eau potable, aujourd’hui, malgré tous les investissements qui ont été faits dans ce domaine (construction de barrage, lacs, conduites d’eau),rappelle-t-il, soulignant qu’il n’est plus accepté que l’agriculture qui ne contribue qu’à hauteur de 12% du PIB, consomme plus de 80% des ressources en eau,
S’agissant de l’export, Meddeb, qui a siégé dans des conseils d’administration de plusieurs entreprises tunisiennes, estime qu’il faut favoriser l’export qui valorise la matière première tunisienne et la valeur ajoutée nationale tout en rationalisant les importations.

“Ce sont ces modifications à apporter au modèle de développement tunisien. Il faut que nous soyons plus prêts d’une gestion raisonnable et raisonnée de nos ressources naturelles.

Nous ne pouvons plus continuer comme avant, changer le modèle économique, c’est plus de rationalité, plus de solidarité, plus de durabilité, plus d’efficacité et, plus d’inclusion” conclut-il, soulignant que l’économie sociale et solidaire peut jouer un rôle important dans ce domaine.