” Notre sécurité alimentaire, c’est notre souveraineté “, ” Non à la marginalisation de l’agriculture “, “L’agriculture, ou est la discrimination positive ?”, tels sont les principaux slogans scandés par des agriculteurs tunisiens qui ont observé, mercredi, un sit-in devant le siège du ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche.

L’objectif de ce sit-in est de protester contre les difficultés rencontrées par la filière oléicole et surtout la baisse des prix de vente sur le marché local qui constituent “un appui aux spéculateurs au détriment des sacrifices consentis par les agriculteurs”, selon l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP).

Les agriculteurs appellent à la démission du ministre de l’Agriculture, Samir Taieb, l’accusant “de corruption et de menacer la récolte d’olives en baissant les prix sans tenir compte des coûts de production”.

Ils ont, en outre, critiqué “le laxisme des autorités face aux revendications des oléiculteurs” et contesté la dégringolade du prix de l’huile d’olive qui a atteint dans certaines régions les 3,5 dinars le litre, un prix moins cher que celui de l’huile végétale.

Sur un ton abattu et triste, un agriculteur de Sidi Bouzid a appelé à protéger la récolte d’huile d’olive afin de préserver la sécurité alimentaire de la Tunisie “qui ne doit pas rester dépendante des marchés européens”.

Un nombre d’agriculteurs ont également appelé l’Etat à intervenir pour chercher de nouveaux marchés qui pourront absorber le surplus de production d’huile d’olive.

Pour Néjib Fatnassi, membre du bureau exécutif de l’UTAP, c’est le ministre de l’agriculture qui a fixé le prix de l’huile d’olive. “Ce prix ne couvre même pas le coût de production”, a indiqué le responsable estimant que 7,500 dinars le litre est un prix raisonnable pour toutes les parties.

Le responsable a, dans ce cadre, appelé l’office de l’huile à fixer un prix de référence afin de préserver les droits es agriculteurs et de l’Etat.

L’Office national de l’Huile s’est engagé, quant à lui, à poursuivre ses achats d’huile d’olive auprès des oléiculteurs et des propriétaires des huileries pour absorber l’excédent de production.

Cet engagement intervient après la décision de l’Etat, à l’occasion du Conseil ministériel restreint, tenu le 20 décembre 2019, d’accorder sa garantie pour un financement supplémentaire à hauteur de 100 millions de dinars, destiné aux achats de l’ONH.

La saison actuelle de l’huile d’olive s’annonce excellente en Tunisie. La production nationale devrait plus que doubler. Selon les prévisions, elle sera portée à 350 mille tonnes, cette saison 2019-2020 contre seulement 140 mille tonnes la saison écoulée 2018-2019.