“La Tunisie ne dispose pas de politique migratoire apte à impulser le développement économique”. C’est en tout ce que pense Fethi Rekik, professeur en sociologie, qui s’exprimait au cours du 2e forum annuel sur la migration, organisé par l’Observatoire national de la migration et l’Organisation internationale de la migration à Tunis (OIM) sous le thème “la migration en Tunisie : état des lieux et prospections”.

Rekik propose d’exploiter les fonds fournis par les Tunisiens à l’étranger, dont le nombre est de 1,4 million (qui constituent environ 5% du produit intérieur brut), pour le lancement de projets de développement dans les régions les plus touchées par l’émigration dans les régions du nord-ouest et le sud du pays.

Selon lui, la Tunisie est en train de perdre ses compétences nationales qui émigrent sans retour, expliquant que de nombreux étudiants font des études dans des spécialités très avancées et choisissent souvent de travailler en dehors de la Tunisie, qui ne leur offre pas des opportunités d’emploi répondant à leurs attentes.

Pour sa part, le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, a affirmé que la Tunisie a entamé, depuis 2012, l’élaboration d’une stratégie nationale sur la migration visant à unir les visions, à rationaliser les ressources et à soutenir la coordination entre les différentes structures impliquées dans ce domaine afin de renforcer la protection des migrants et faciliter leur intégration économique et sociale.

Trabelsi a, dans ce contexte, appelé à la révision des textes législatifs et institutionnels afin de mieux répondre aux changements démographiques, économiques, sociaux et culturels.

De son côté, le directeur général de l’Observatoire national des migrations, Abdel Raouf Jmal, a souligné que la Tunisie est devenue un pays d’accueil et de transit pour les migrants en général, contrairement aux années 60, 70 et 80 au cours desquelles notre pays exportait la main-d’œuvre. Il est temps pour la Tunisie d’élaborer une stratégie prospective pour les décennies à venir en matière de migration.