Selon l’universitaire Abdellatif Hannachi, le blocage dans la formation du prochain gouvernement à l’issue du marathon des concertations entrepris depuis un mois par le chef du gouvernement désigné Habib Jemli est naturel et prévisible au regard de la forme mosaïque du gouvernement.

Cité par l’agence TAP ce vendredi 13 décembre, Hannachi a rappelé que la Constitution permet au chef du gouvernement de solliciter une prolongation d’un mois pour la formation de son cabinet.

Selon lui, la difficulté pour Habib Jemli de pour former son gouvernement est due au fait qu’il ne dispose pas d’une majorité confortable au Parlement qui se conjugue aux fortes divergences qui divisent les partis majoritaires (Ennahdha et Qalb Tounes avec respectivement 54 et 38 députés).

Le politologue estime que la loi électorale et le système politique sont à l’origine du blocage. Il aurait été plus judicieux de mettre sur la table des concertations sur les grandes questions économiques et sociales, et ainsi éviter les conflits idéologiques.

L’élite politique doit prendre conscience du caractère crucial et délicat de l’étape présente tant à l’échelle internationale que régionale, pense Abdellatif Hannachi qui soulève notamment les répercussions de la crise économique mondiale ainsi que les événements en Libye et en Algérie.

A rappeler que le 15 novembre dernier, Jemli a été choisi par Ennahdha, le parti majoritaire au parlement, pour former le gouvernement.

Reçu jeudi au Palais de Carthage, il a demandé au président de la République, Kaïs Saïed, de lui accorder un délai supplémentaire.

Selon la Constitution de 2014, le président de la République charge le candidat du parti ou de la coalition électorale ayant le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée des représentants de former un gouvernement dans un délai d’un mois, renouvelable une seule fois.

L’article 89 de la Constitution stipule que le gouvernement “se compose d’un président, de ministres et de secrétaires d’Etat choisis par le chef du gouvernement en consultation avec le président de la république pour les ministères des Affaires étrangères et de la Défense”.

“Dans la semaine qui suit l’annonce des résultats définitifs des élections, le président de la République charge le candidat du parti ou de la coalition électorale ayant le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), est chargé de former un gouvernement dans un délai d’un mois, renouvelé une fois. En cas d’égalité de sièges, la désignation du chef du gouvernement se fera sur la base du nombre de voix obtenues.

Lorsque le délai spécifié est dépassé sans formation du gouvernement, ou dans le cas où l’ARP ne gagnerait pas la confiance, le Président de la République tiendra, dans un délai de dix jours, des consultations avec les partis, coalitions et blocs parlementaires pour désigner la personne la plus apte à former un gouvernement dans un délai maximum d’un mois.

Et si quatre mois se sont écoulés depuis la désignation du chef du gouvernement et que les députés de l’ARP populaire n’ont pas accordé la confiance au gouvernement, le président de la République a le droit de dissoudre le Parlement et de convoquer de nouvelles élections législatives dans un délai de 45 jours et 90 jours maximum”.