En principe, dès le 1er janvier 2020, les produits turcs exonérés de droits de douane (DD) seront de retour et inonderont de nouveau le marché tunisien.

Institué dans la loi de finances de 2018, la mesure de rétablissement des droits de douane au taux de 27% sur les produits turcs importés aux fins de protéger les industries tunisiennes et d’alléger le déficit commercial avec la Turquie, prendre fin, d’ici 60 jours.

Pour mémoire, en janvier 2018, face à l’aggravation du déficit commercial avec la Turquie par l’effet de l’inondation du marché tunisien par des produits concurrentiels turcs exonérés de droits de douane dans le cadre de l’accord de libre-échange qui lie les deux pays, le gouvernement tunisien a recouru à la clause de sauvegarde prévu par cet accord et rétabli les droits de douane (27%) pour une durée de deux ans.

Ennahdha, allié des Turcs, va accélérer les choses

Avec la victoire d’Ennahdha aux législatives et au regard des accointances entre Rached Ghannouchi, président du parti Ennahdha, et le sultan Erdogan de Turquie, il y a de fortes chances que l’exonération des produits turcs des droits de douane sera non seulement rétablie mais accélérée et renforcée.

Car pour l’histoire, les échanges commerciaux avec la Turquie étaient équilibrés avant 2011. Ils n’ont été déséquilibrés qu’avec l’avènement du parti islamiste Ennahdha au pouvoir.

Certains observateurs ne cachent pas leur crainte de voir les responsables nahdhaouis faire fi, même de la gradualité prévue pour le retour à l’application complète de l’accord de libre-échange entre les deux pays.

En effet, la clause de sauvegarde a prévu un calendrier bien précis à cette fin. Les droits de douane pour les marchandises d’origine turque seront ainsi abaissés à 18% en 2020, à seulement 9% en 2021, et seront de 0% en 2022. Cette année-là, l’accord de libre-échange entre la Tunisie et la Turquie redeviendra totalement applicable.

D’ailleurs, ce rétablissement des droits de douane sur les produits turcs, depuis 2018, n’a jamais été total comme on a eu tendance à le croire. Le déficit de la balance commerciale de la Tunisie face à la Turquie, rappelle-t-on, a atteint en septembre 2019, 1,81 milliard de dinars.

Les limites de la clause de sauvegarde

Et pour cause. L’article 17 de l’accord de libre-échange actionné par le gouvernement tunisien pour consacrer cette clause de sauvegarde stipule certes que «des mesures exceptionnelles d’une durée limitée dérogeant aux dispositions de l’article 5 peuvent être prises par la Tunisie sous forme d’un relèvement des droits de douane», mais précise, en même temps que «les droits de douane à l’importation applicables en Tunisie à des produits originaires de Turquie, introduits par ces mesures, ne peuvent pas excéder 25 pour cent ad valorem (selon la valeur) et doivent maintenir un élément de préférence pour les produits originaires de Turquie. La valeur totale des importations de produits qui sont assujetties à ces mesures (de sauvegarde) ne peut pas dépasser 20% de la valeur totale des produits industriels importés de Turquie».

C’est ce qui explique la persistance du déficit commercial durant les deux dernières années, 2018 et 2019, avec la Turquie.

Pour mémoire, le rétablissement des DD pour les marchandises importées de Turquie, a concerné, notamment les produits en carton, les articles d’habillement hommes et femmes, vêtement et bonneterie et autres que bonneterie, les meubles, les articles de cuir et chaussures, les articles électroménagers et les produits électriques. Mais aussi les machines à laver, réfrigérateurs, parfums, huiles essentielles & parfumerie, savons & produits d’entretien, caoutchouc et ses ouvrages, papiers, cartons et ouvrages, autres articles confectionnés et friperie, fonte, fer et acier, aluminium et ouvrages et même portes et fenêtres.

C’est peut être en remarquent le retour de ces produits concurrentiels sur les rayons et étalages qu’on s’apercevra que la clause de sauvegarde n’est plus appliquée.

A ce propos, dans une récente interview accordée à l’agence TAP, l’ambassadeur de Turquie en Tunisie Ali Onaner, s’est engagé à «encourager et à privilégier l’importation en Turquie de produits tunisiens qui pourront permettre à la Tunisie soit d’apporter une valeur ajoutée à ses exportations envers d’autres pays, soit des produits de Turquie mais qui contribueraient directement à l’industrie et à la production tunisienne”.

Dont acte.