L’industrie est le deuxième secteur consommateur d’énergie finale en Tunisie, avec plus d’un tiers de la consommation totale.

Ce secteur est fortement dépendant des énergies fossiles (gaz naturel, fioul, GPL et autres), dont l’utilisation génère directement et inévitablement des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Les émissions imputables au secteur industriel représentent environ 20 % des émissions globales de la Tunisie.

L’efficacité énergétique constitue, à cet effet, une piste pour réduire la consommation d’énergie de l’industrie tunisienne et une manne pour les entreprises cherchant à réduire leurs coûts de production.

Ce constat a été relevé par des responsables et chefs d’entreprises tunisiens et allemands, réunis, mardi, à Gammarth (Banlieue nord de Tunis) dans le cadre d’un séminaire sur le thème ” Solutions énergétiques – Made in Germany – efficacité énergétique dans l’industrie “, organisé par la Chambre tuniso-allemande de l’industrie et du commerce (AHK) en collaboration avec le ministère tunisien de l’Industrie et des PME.

L’expérience allemande a été exposée au cours de cette rencontre. Il en ressort que la réduction de la consommation énergétique peut se faire grâce à des solutions innovantes ( cogénération, audits, autoconsommation …), ce qui est à même de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre.

Un projet pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie tunisienne par le déploiement d’applications d’efficacité énergétique innovantes est déjà en cours. Il est réalisé en partenariat entre la GIZ et l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME).

L’objectif de ce projet, axé sur l‘efficacité énergétique et la cogénération, est de promouvoir de nouvelles méthodes et technologies d’efficacité énergétique, réaliser des diagnostics énergétiques spécifiques au sein de plusieurs entreprises industrielles et sélectionner les actions efficaces pour les généraliser.

En effet, la cogénération est la production combinée d’électricité et de chaleur à partir d’énergies primaires au sein d’une même centrale.

Cette technologie n’étant pas encore utilisée de façon optimale en Tunisie, le projet met en place des activités visant à optimiser son exploitation. Le recours à cette technologie permet de ménager les ressources et de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Trois entreprises tunisiennes ont été citées comme exemples de réussite en matière d’efficacité énergétique.

Il s’agit du groupe DEMCO qui a réalisé des projets de production d’énergie à travers le solaire photovoltaïque (4000 panneaux) d’une capacité de 1,5 mégawatts crête (MWc) permettant d’éviter l’émission de 1178 tonnes de CO2 par an.

Aussi la société SITEX opérant dans le secteur du textile qui s’est investie dans l’énergie thermique et la cimenterie de Jebal El Oust qui a opté pour la récupération de la chaleur résiduelle.

Cette cimenterie a réalisé un projet de cogénération qui consiste à récupérer la chaleur résiduelle dans les fumées par des chaudières qui permettent à travers une turbine à vapeur de transformer la chaleur en énergie électrique.

Son objectif est de générer jusqu’à 30% de l’électricité globale consommée dans la cimenterie.

En effet, la Tunisie a été classée 20ème au niveau mondial (sur 133 pays) et 2ème en Afrique par le rapport 2018 de la Banque Mondiale sur la situation des politiques publiques dans le domaine de l’énergie durable (RISE). Par rapport à 2016, elle a gagné 44 places.

Céline Kittel, responsable MENA et Asie centrale pour les projets de l’initiative d’exportation d’énergie à l’Académie des énergies renouvelables (RENAC), a indiqué qu’un potentiel énorme de réduction de la consommation d’énergie existe aujourd’hui en Tunisie et dans plusieurs pays, dont 70% dans le domaine de l’éclairage.

” Toutes les conditions sont aujourd’hui réunies pour appliquer des solutions d’efficacité énergétique en Tunisie et pour tirer les meilleures leçons d’autres expériences “, a-t-elle dit.

Toutefois, la responsable reconnait que la démarche de transition énergétique n’est pas généralement très facile à appliquer. ” Face à la résistance au changement, il faut beaucoup de communication, des initiatives de la part des entreprises et de la persévérance “, a-t-elle préconisé.