Les filières de l’agriculture biologique et de tourisme culturel connaissent une dynamique grandissante dans la région de Gabès-Chenini, mais elles font face à d’importants retards dus aux manques de moyens financiers et humains, aux problèmes de coordination entre les institutions et aux lourdeurs administratives. C’est ce qui ressort d’un rapport que vient de publier l’Observatoire tunisien de l’économie.

Le rapport intitulé “Diagnostic participatif du développement dans Gabès ville – Chenini” démontre par ailleurs que ” les initiatives du secteur privé ou associatif qui ouvrent la voie au développement de nouveaux secteurs de développement au niveau local sont souvent mises à mal ou sont ralenties par le manque d’infrastructures ou le mauvais entretien des infrastructures actuelles”.

Contraintes au développement des deux filières

Selon les auteurs de ce rapport, ” les politiques de développement régional en Tunisie sont marquées par une forte centralisation et une absence de vision véritable de développement local. Ces dernières ont réduit les régions intérieures à une logique de ressource qui a abouti au déséquilibre régional actuel en matière de développement “.

Pour la filière de l’agriculture bio, les principales contraintes soulevées par le rapport concernent la faible vulgarisation de la part des structures de l’Etat pour le créneau biologique, qui reste plutôt méconnu auprès des agriculteurs, et la faible capacité financière des petits agriculteurs, incapables d’avancer les frais d’exploitation, en vue d’un remboursement ultérieur et partiel de la part de l’Etat, d’où le grand taux d’abandon et de désintérêt des agriculteurs vis-à-vis du bio.

Ces contraintes sont aussi relatives à l’absence à Gabès d’organismes de certification et de labellisation des produits biologiques et d’orientations stratégiques pour la Recherche & Développement, outre la faible mobilisation pour l’agriculture biologique au niveau régional et local et ce malgré l’existence d’une stratégie nationale pour l’export des produits agricoles biologiques.

S’agissant de la filière du tourisme culturel, le rapport épingle “l’infrastructure touristique à Gabès qui reste en-dessous du potentiel d’attraction touristique de la ville, la défaillance des instances de développement touristique relevant de l’Etat qui ne reconnaissent pas à Gabès-ville et Chenini un caractère touristique, et ne portent aucun projet touristique pour ces territoires, et le faible entretien des espaces publics liés aux activités touristiques”.

Pistes à développer pour libérer le potentiel de la région

Pour débloquer les initiatives privées dans ces deux filières et dans le domaine de développement régional d’une manière générale, les auteurs du rapport estiment nécessaire de mettre en place des stratégies de cluster fondées sur des atouts locaux, de concevoir des stratégies de ” territoire-laboratoire”, dans lesquelles le territoire devient le vecteur de nouvelles solutions qui répondent a? des problématiques locales.

Selon l’Observatoire tunisien de l’économie, l’Etat devrait alléger les procédures administratives qui ont tendance à bloquer l’avancement des projets, tout en renforçant et améliorant le suivi et l’évaluation de ces projets, renforcer le partenariat avec les acteurs locaux, notamment en renforçant les mécanismes de consultation préalable avec les différentes parties prenantes des projets et les mécanismes d’intervention lors de blocage des projets.

Il doit, en outre, concrétiser le droit d’accès à l’information, redresser le manque de concrétisation de la stratégie nationale au niveau régional et procéder à une transition progressive vers la décentralisation.