Pris depuis quelques mois pour cible par certains partis politiques et organisations –dont en particulier l’Union générale tunisienne du travail (UGTT)-, Olivier Poivre d’Arvor, l’ambassadeur de France en Tunisie, a fini par sortir de sa réserve, pour mettre les points sur les i.

Le diplomate a contre-attaqué en deux temps. D’abord, lors d’une conférence de presse donnée lundi 20 mai 2019 à l’hôtel Mövenpick, aux Berges du Lac de Tunis. Ensuite, dans une tribune intitulée «La Tunisie, la vertu et le bien-être», signée par l’ambassadeur de France et publiée dimanche 2 juin dans le quotidien «La Presse». Et preuve qu’il accordait beaucoup d’importance à cet exercice, l’ambassadeur a préparé son intervention du 20 mai et l’a lu, et plutôt que d’accorder une interview au quotidien gouvernemental il lui a adressé une tribune.

Officiellement, la conférence avait pour objet l’annonce de la création du Groupe d’impulsion pour le partenariat économique France-Tunisie. Mais Olivier Poivre d’Arvor en a profité pour effectuer un large tour d’horizon de la coopération tuniso-française –des projets et actions déjà réalisées et engagées et de ceux en préparation ou à l’étude-, et, surtout, pour répondre aux attaques et insinuations lancées au cours des derniers mois à l’ambassadeur personnellement en particulier et à la France en général.

Olivier Poivre d’Arvor a répliqué en quelques phrases. Sa réponse a été brève, claire et précise. Rappelant que la Tunisie organisera à l’automne 2020 le Sommet de la Francophonie, il a clamé que «loin d’être une inféodation à quelque ordre ancien, la langue française constitue une richesse tunisienne et un atout déterminant pour consolider la position économique de la Tunisie aux portes de l’Afrique sub-saharienne».

Mais il a tenu en particulier à rappeler et marteler que «notre relation économique et commerciale avec la Tunisie, contrairement à une légende tenace, que d’aucuns voudraient entretenir par de fausses informations, n’est pas basée sur la domination et l’exploitation des richesses de la Tunisie» et que «La Tunisie n’a évidemment à recevoir de leçons et d’aides de personne» et, enfin, qu’il «ne faut pas confondre indépendance avec isolement, souveraineté territoriale et patriotisme économique avec repli économique. La relation franco-tunisienne est gagnante-gagnante, celle d’un partenariat étroit».

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Dans la tribune publiée par La Presse de Tunisie, l’ambassadeur de France a troqué son costume de diplomate pour celui de …philosophe.

Prenant prétexte de la fin du mois de Ramadan, il met en valeur la contribution de la Tunisie au progrès intellectuel, politique, sociétal et culturel de l’humanité, depuis Ibn Khaldoun jusqu’à aujourd’hui.

Mais visiblement déterminé à se faire accepter, pour ne pas dire s’imposer, comme un ami de la Tunisie –une qualité que certains lui ont dénié-, Olivier Poivre d’Arvor ne rate une occasion de la démontrer. Y compris l’injustice subie par l’Espérance Sportive de Tunis que la Confédération africaine de football (CAF) a décidé de contraindre à rejouer la finale-retour de la Champion’s League. Ce dont le diplomate français a profité pour apporter son soutien à l’équipe tunisienne et à la Tunisie elle-même en qualifiant d’injuste cette décision, et, qui plus est, hors de Tunisie.

Moncef Mahroug