Près de quatre mois après le départ volontaire mais forcé –elle aurait claqué la porte sous la pression du personnel, d’après nos sources- de Raja Hamadi épouse Sassi, président directeur général de Dar Assabah, la présidence du gouvernement lui a désigné, vendredi 12 avril 2019, un successeur en la personne de Mohamed Ouertani.

Ce faisant, La Kasbah continue à faire appel au même profil de responsables pour diriger ce groupe de presse : des gestionnaires venant le plus souvent de l’administration et, dans le cas présent, de la présidence du gouvernement même. Ce qui comporte le risque pour le gouvernement d’être accusé – à tort ou à raison – de vouloir mettre la main sur les moyens d’information, et Dar Assabah en l’occurrence.

En effet, au moins les trois derniers patrons du groupe Dar Assabah sont des spécialistes de la finance et de la comptabilité. Détenteur de diplômes en finance et gestion des risques et droit des affaires, Mohamed Ouertani a fait sa carrière à l’Agence de promotion de l’investissement et de l’innovation (APII) et à la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (BFPME), avant d’intégrer l’équipe du chef du gouvernement en qualité de chargé de mission et de directeur général chargé du suivi des priorités gouvernementales.

Détentrice d’une maîtrise et d’un DEA en gestion, option finances, Raja Hamadi épouse Ben Sassi, à laquelle Ouertani succède, est contrôleur général des finances et venait du ministère des Finances.

Aberrahman Khochtali, qui a dirigé Dar Assabah avant elle, est expert-comptable, diplômé du Cycle supérieur de l’ENA, est, comme Mme Hamadi épouse Ben Sassi, un produit du ministère des Finances. Il a exercé, avant 2011, comme secrétaire général de Tunisair, puis responsable de l’Unité de gestion du budget par objectifs au ministère des Finances, et directeur général de la douane.

Aucun des responsables ayant ce profil n’a pu et probablement ne pourra résoudre les problèmes de Dar Assabah. Certes, le choix de les placer à la tête de ce groupe de presse s’explique probablement par ses difficultés financières –il est confronté à un endettement avoisinant les 20 millions de dinars. Mais serrer la vis ne sortira pas Dar Assabah de l’ornière. Cela pourrait aider, plus ou moins, à contenir l’endettement du groupe, peut-être même à le réduire, mais cela ne lui ouvrira pas la voie de la relance en vue de recouvrer une meilleure santé financière.

Pour cela, il faudrait un plan de relance visant notamment à redonner du punch aux publications actuelles de Dar Assabah et à concevoir puis lancer de nouveaux produits et services. Cela, un gestionnaire ne sait pas et ne peut pas le faire. Le redressement de Dar Assabah et son développement ne peuvent être menés que par une personne ayant, idéalement, une double compétence managériale et journalistique.

Mais ce genre de profil étant fort rare, voire inexistant sur le marché tunisien, la solution de rechange consisterait à confier la direction de Dar Assabah à un professionnel des médias ayant fait ses preuves à des postes similaires et à le faire seconder par un manager, en qualité de directeur général adjoint ou directeur administratif et financier.

C’est de cette manière seulement que ce groupe de presse aurait une petite chance d’échapper au sort qui le menace : la faillite.