La Confédération générale tunisienne du travail, le Syndicat national des journalistes tunisiens, la Confédération nationale des entreprises citoyennes de Tunisie et le Syndicat des agriculteurs de Tunisie vont demander de nouveau leur adhésion au Conseil national du dialogue social.

La guerre du Conseil national du dialogue social n’est pas finie. Ceux qui ont cru que la mise en place officielle de cette instance, le 27 novembre 2018, allait mettre fin à la polémique et au bras de fer ayant accompagné sa gestation, se trompent. Car les organisations syndicales qui en ont été tenues à l’écart, au profit des seules Union générale tunisienne du travail (UGTT) et de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), vont reprendre leur lutte en vue de s’y faire admettre.

Habib Guiza, secrétaire général de la CGTT l’a annoncé jeudi 14 mars 2019 lors d’une conférence. «Nous nous sommes mis d’accord avec le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), la Confédération nationale des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT) et le Syndicat des agriculteurs de Tunisie (Synagri), de militer en vue d’obtenir notre adhésion au Conseil national du dialogue social».

Cette annonce n’est pas fortuite. Elle vient moins d’un mois après que la CGTT a gagné la dernière manche de la bataille judiciaire qu’elle livre depuis des années pour obliger l’Etat à prendre en compte la nouvelle réalité du monde syndical –le pluralisme- et à agir en conséquence, notamment en traitant tous ses acteurs sur un pied d’égalité.

En effet, dans un jugement rendu en appel le 5 février 2019, le Tribunal administratif «a ordonné que le pluralisme syndical soit activé et que notre organisation jouisse de tous ses droits», se félicite Habib Guiza. «Aujourd’hui, il n’est plus possible de parler de l’organisation syndicale la plus représentative mais des organisations syndicales les plus représentatives», complète un membre du bureau exécutif de la CGTT.

Avant ce dénouement judiciaire, cette centrale syndicale avait remporté une autre bataille en se faisant inviter au 4ème Congrès mondial de la Confédération syndicale internationale (2-7 décembre 2019, Copenhague). En ouvrant ses portes pour la première fois à la CGTT, cette organisation née en 2006 du rapprochement de la Confédération Internationale des Syndicats Libres (CISL) et de la Confédération mondiale du travail (CMT) reconnaît d’un coup le syndicat dirigé par Habib Guiza et la réalité du pluralisme syndical en Tunisie.

La CGTT cherchait depuis des années à se faire admettre au sein de la CSI. «En 2012, nous avons envoyé une délégation à Genève auprès de la CSI et celle-ci en a dépêché une à Tunis qui est partie satisfaite de ses échanges (avec la CGTT, ndlr). Mais l’UGTT a entravé notre adhésion», regrette Habib Guiza. Aujourd’hui elle est acquise –«grâce à l’appui des syndicats belges, espagnols et français», indique le secrétaire général de la CGTT- et elle devrait être actée par le Conseil général de la CSI lors de sa prochaine réunion.

Ces nouveaux développements placent l’UGTT –qui s’entête à refuser le pluralisme syndical- et l’Etat –à qui le syndicat historique a imposé sa vision dans ce dossier- devant leurs responsabilités : soit ils se rendent à l’évidence du bouleversement survenu dans le monde syndical et l’acceptent, soit ils s’entêtent et vont au-devant d’une plus grande perte de crédibilité en Tunisie et sur le plan international.