Le pouvoir d’achat du citoyen tunisien a reculé de 3% en 2018 par rapport à l’année 2017, selon les résultats préliminaires et approximatifs d’un groupe de travail du Conseil national de la statistique (CNS), a déclaré, lundi 11 mars, Mohamed Bessa, membre du CNS et expert en statistiques.

S’exprimant en marge d’une journée d’étude organisée à Tunis par le CNS, pour “la présentation des rapports des groupes de travail relatifs aux statistiques de l’emploi et à la mesure du revenu et du pouvoir d’achat”, Bessa a souligné que le CNS a adopté une nouvelle méthodologie utilisée à l’échelle internationale pour calculer le pouvoir d’achat en tenant compte de la variation entre le revenu du citoyen et le taux d’inflation.

Il a expliqué que l’application de cette méthodologie aux statistiques officielles disponibles a révélé que le pouvoir d’achat avait diminué de près de 4% entre 2011 et 2018, après une amélioration de 20% entre 2002 et 2011.

Selon lui, les résultats statistiques de cette méthodologie, appliquée pour la première fois en Tunisie, sont préliminaires et demeurent non officiels, en attendant leur validation par l’Institut national de la statistique (INS).

Bessa a expliqué que le CNS a formé à cet effet deux groupes de travail, le premier est chargé d’examiner les chiffres concernant le pouvoir d’achat en Tunisie, a-t-il dit, tandis que le deuxième œuvre à collecter les données relatives au développement de l’activité statistique en Tunisie.

Pour sa part, l’expert en statistiques de l’emploi, Hafedh Ateb, a indiqué que l’inventaire préparé par le deuxième groupe de travail pour évaluer la situation actuelle dans le domaine des statistiques en Tunisie a établi l’existence de plusieurs lacunes dans ce domaine, dont notamment la non publication, par les structures supervisant les opérations statistiques, de l’intégralité des données et statistiques en question.

A cet égard, Ateb a expliqué que le manque de coordination et de complémentarité entre les différentes structures concernées par les statistiques est l’une des brèches les plus marquantes qui subsiste encore à ce niveau.

Il plaide pour la création d’un portail unifié pour les statistiques, qui regrouperait toutes les données disponibles de manière cohérente et structurée, ainsi que l’adoption de méthodes innovantes pour définir les indicateurs statistiques, via les nouvelles technologies.

De son côté, la présidente du CNS, Lamia Boujnah Zribi, a déclaré qu’un programme de travail a été élaboré en collaboration avec l’INS, pour la mise en exécution de toutes les suggestions émises au cours de cette journée d’étude, et ce en dépit des grandes difficultés liées au manque du personnel dont souffre l’INS, en raison de la migration de plus de 300 ingénieurs statisticiens au cours des dernières années.