La Tunisie envisage de créer une nouvelle ligne aérienne entre les aéroports de Djerba-Zarzis et Tozeur à Prague (Tchéquie), a affirmé le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, René Trabelsi, à l’occasion de sa visite en Tchéquie à l’occasion de la 28ème Foire internationale du tourisme de Prague, Holiday world.

Il s’agit de tirer meilleur profit de ce marché au potentiel important pour le tourisme tunisien. En 2018, les touristes ont passé quelque 1,690 nuitées dans les hôtels tunisiens, selon les données de la représentation de l’Office nationale du tourisme tunisien (ONTT) à Prague. Des résultats qui ont dépassé ceux enregistrés en 2010, année de référence.

Success story

Ces résultats, qui peuvent paraître peu significatifs pour un pays qui a accueilli plus de 8 millions de touristes, en 2018, sont plébiscités par les responsables du secteur, pour plusieurs raisons, notamment, la spécificité du marché, sa stabilité, ses perspectives de développement, et le profil du client.

A cet égard, le ministre de Tourisme et de l’Artisanat note que “les touristes tchèques accueillis en 2018, soit 95.000, ont séjourné dans des hôtels, précisant qu’il s’agit là d’un facteur important, qui donne à ce marché, une spécificité que même certains grands marchés de la destination tunisienne ne possèdent pas.
” Nous devons propulser ce marché encore en avant durant l’hiver, d’autant plus que de novembre à fin mars, c’est une période creuse (pas de demande)”, cité par l’agence TAP.

L’ONTT s’attend à une évolution de 15 à 20% par an à moyen et long terme et estime la demande de ce marché pour les destinations exotiques en hiver à 25%. La Tunisie, qui constitue une destination classique et de proximité (seulement 2 heures de vol) sur ce marché, jouit d’un noyau dur de loyaux parmi les Tchèques estimé à 40.000 visiteurs.

Elle détient plusieurs autres avantages, notamment la présence de tour-opérateurs (TO) tunisiens sur le marché, dont Exim tours et Blue Style.

Fondés par des Tunisiens en Tchéquie, ce sont ces TO qui ont permis à la destination tunisienne de résister, pendant les périodes difficiles (2013, 2014 et 2015), selon les opérateurs du tourisme publics et privés.

“Ils ont continué à commercialiser la destination tunisienne en dépit de tout”, a fait remarquer Anis Shili, directeur commercial à El Mouradi, chaîne présente sur ce marché depuis 1997. Il est nécessaire de les soutenir financièrement durant les périodes difficiles, d’autant qu’ils ont fait preuve de patriotisme”, a-t-il dit.

A cet égard, Blue Style, qui vient de fêter son 20ème anniversaire, en présence des responsables du tourisme tunisien, lors d’une soirée organisée à Zofin Palace -palais construit au début de 19ème siècle-, a été salué par René Trabelsi. “Vous constituez une fierté pour la Tunisie”, a-t-il dit au premier responsable de l’opérateur.

Venu rencontrer les responsables de ce tour-opérateur ainsi que ceux d’Exim et Azur Reinsen, le directeur commercial de Medina Hammamet, Ahmed Rached, a fait état d’une hausse de 20% à 25% des ventes, en 2019, chez tous les partenaires tunisiens sur ce marché, par rapport à l’année 2018.

Pour lui, les seules exigences du client tchèque, qui représente entre 8 et 10% de part de marché pour son entreprise, portent sur l’hygiène et la qualité de l’alimentation.

“La communication avec lui (client chèque) est facile, étant donné qu’il maîtrise l’anglais, nous n’avons pas besoin de mobiliser un interprète, comme c’est le cas pour le client Russe”, a-t-il affirmé.

Des faiblesses existent encore 

Cependant, l’évolution du marché tchèque ne doit pas occulter certains risques liés aux consignes “d’extrême vigilance”, émis par le ministère des Affaires étrangères tchèque et le sentiment d’insécurité qui peut freiner l’élan du voyageur tchèque quand il s’agit de visiter une destination de la région de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, outre la montée des destinations de proximité et la concurrence du tourisme national.

La représentation de l’ONTT à Prague évoque également certaines faiblesses dues notamment à la prépondérance du produit balnéaire et le bradage sans précédent des séjours toutes destinations confondues.

Si la Tunisie a mille-et-une raisons de miser sur le marché tchèque, elle est, cependant, appelée à fournir des efforts importants pour venir à bout de plusieurs autres problèmes liés en particulier à la baisse du budget de promotion en raison de la dévaluation du dinar. Il s’agit également de résoudre les problèmes de logistique qui “ternissent son image”, selon Shili.

Le responsable cite, en particulier, la vétusté de la flotte du transporteur national, le manque de bus touristiques et les problèmes de transport et d’accueil à l’aéroport “qui n’est pas digne de l’image d’un pays touristique”, selon ses propos.