Contrairement aux déclarations de certains parents, l’école coranique de Regueb a été créée le 2 février 2012. Elle n’a jamais existé auparavant. Cette école travaille dans un cadre associatif et son statut stipule qu’elle opère en vertu de la loi sur les associations dans le respect de l’Etat de droit, garant de la démocratie, du pluralisme, de la transparence et de l’égalité entre les hommes.

L’association s’engage aussi à n’encourager aucune forme de violence, d’appel à la haine ou de discrimination d’ordre régionaliste, religieux ou sexiste! (Sic).

La réalité est autre. Dans cette école où des parents amènent leurs progénitures non scolarisées pour apprendre le coran, les enfants sont flagellés s’ils désobéissent ou osent parler des femmes “cause de tous les malheurs et de la fetna”.

Ils sont près d’une trentaine de jeunes, âgés de 12 à 18 ans, accompagnés par des hommes qui ont entre 20 et 30 ans, habitent dans 5 chambres dans une promiscuité dangereuse. À l’école, aucune commodité permettant l’apprentissage du coran et de la religion dans des conditions humaines. Ces enfants sont exploités par le maître des lieux qui les fait travailler dans la récolte des olives sans les payer, ils n’ont aucun sens du temps. Leur vie est réglée au rythme des heures de prière. Ils rejoignent leurs familles deux semaines avant le mois de ramadan et rentrent à l’école deux semaines après.

Outre le fait de les avoir éloignés de toute vie civilisée, il n’y a presque pas de doute sur leur exploitation économique et très probablement sexuelle!

Des cordes et des fils en caoutchouc ont été trouvés sur place. On les bat à la moindre velléité de révolte ou lorsqu’ils expriment un tant soit peu la volonté de protester. En somme, ils sont traités comme des esclaves, des parias et agissent de même.

Comme beaucoup d’autres, cette école a été dénoncée, à maintes reprises, par des médias et par des activistes. Les autorités publiques, autistes, n’ont pas réagi. Pourquoi? Le consensus et la stabilité politique du pays impliquaient-ils qu’il faille laisser les enfants de la République aux mains des gourous qui les “talibanisent?”, leur volent leur enfance et leurs rêves et en fabriquent des anges de la mort?

Qu’en est-il de la responsabilité de l’Etat? 

Les deux principales missions de l’État à l’égard des enfants sont l’éducation et la santé. L’Etat est surtout chargé de détecter et de signaler tous les cas où la protection de l’enfant est mise en défaut et d’agir en conséquence !

Pourquoi État et gouvernements successifs ont-ils laissé les choses aller jusqu’au pourrissement ? Le seul gouvernement à avoir osé mettre fin aux activités douteuses de 150 associations est celui de Mehdi Jomaa.

Les écoles coraniques dans notre pays ont vu, depuis 2011, leur implantation préparée en amont par les lobbyistes islamistes, avec à leur tête Abdelfattah Mourou qui avait déclaré à maintes reprises qu’il fallait investir dans la formation des jeunes générations. Les prêcheurs amenés de tous les pays ont fait le reste.

La création de l’école coranique de Regueb est venue dans la vague de ce qu’on a caricaturalement appelé la “reconquête islamique de la Tunisie“. Nous avons vu en 2012 une propagation sans pareille des écoles coraniques dont un grand nombre s’est emparé des anciennes cellules du RCD omniprésentes sur tout le territoire national.

Questionné à propos de cette occupation illégale des lieux, Slim Ben Hamidane, à l’époque ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, avait prétendu ne pas être au courant et promis de sévir au cas échéant. Des paroles, rien que des paroles! Tous ceux qui lui ont succédé ne se sont pas vraiment penchés sur le squat de lieux appartenant à l’Etat par des extrémistes. Ils avaient d’autres chats à fouetter.

Les ministères concernés, notamment ceux de l’Enfance, de l’Education ou des Affaires religieuses, se sont tour à tour renvoyé la balle s’agissant des écoles coraniques. Y a-t-il des insuffisances au niveau de la législation ? Aux représentants du peuple de plancher dessus! 

Ceci dit et sur un tout autre volet, la révision de la loi sur les associations a permis à chaque individu, quel que soit son background même si c’est un criminel, pédophile ou terroriste, de créer une association!

Ces associations ont donc, tels des champignons, infesté tout le territoire national au vu et au su des autorités publiques sans être inquiétées outre mesure.

C’est lorsque Samira Marai fut désignée ministre de la Femme, de l’Enfance et des Seniors que, pour la première fois depuis 2011, une enquête a été lancée pour voir l’ampleur des dégâts. On avait découvert nombre d’écoles, à l’instar de celle de Regueb, où l’on embrigaderait des jeunes mineurs et où on ne leur apprenait que le coran, les privant de tout autre enseignement. Tout cela sans que le parquet ne bouge le petit doigt.

Pire, aujourd’hui que l’on est enfin poussé à réagir, nous entendons de part et d’autre les voix des apprentis droit-hommistes” dénoncer l’obligation de l’Etat de protéger l’innocence et l’enfance.

Amnesty international ferait mieux de dénoncer les génocides syriens, irakiens, et les massacres de l’enfance en Afrique et en Amérique latine. Elle devrait avoir la décence de se taire lorsque, en Tunisie, on voit des extrémistes formater les enfants à la haine de l’autre et à la violence.

Face aux extrémismes et leurs défenseurs qui menacent la stabilité du pays, son avenir et la sécurité de l’Etat, la responsabilité de ce dernier est très importante. Elle devrait comprendre la protection des enfants de l’ignorance et de l’obscurantisme des parents et la mobilisation de tous les moyens légaux à disposition pour limiter les champs d’action d’un tissu associatif au service d’agendas politiques dangereux.

Je reprends ce qu’a écrit Karim Akkouche à propos des vagues d’islamistes prêcheurs qui sont aujourd’hui en train de massacrer la Tunisie :

«L’islamiste carbure à la haine. Son vocabulaire est pauvre. Il ne maîtrise que quelques verbes, souvent équivalents à “tuer“, “exécuter“, “massacrer“, “violer“, “brûler“, “détruire“… Il ne lit qu’un seul livre, le coran. Il n’obéit qu’aux seules lois d’Allah et de son Prophète. Il dort avec un seul mot dans la bouche, “vengeance“. Il ne se réveille qu’avec un seul désir, “éliminer un maximum de mécréants“. L’islamiste joue au sourd et au muet. C’est un dictateur. Il a raison même s’il a tort. Toute tentative de dialogue avec lui est vouée à l’échec. Il préfère le monologue. Il refuse le débat d’idées. Car il sait qu’il va perdre. Il préfère le terrain de la menace. Gare à celui qui le contredit.

L’islamiste n’a pas d’arguments, il a des versets. Il n’a pas de cœur, il est une hydre. Il ne connaît pas la peur, il marche avec dédain. Si les balles tombent sur lui, il les affrontera avec le sourire. Sa devise : “la vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la mort“».

Amel Belhadj Ali