Après six mois et trois escales à Dguech (Tozeur), El Krib (Siliana) et Boussalem (Jendouba), artistes, producteurs et formateurs ont entamé, jeudi 17 janvier, un nouveau périple, direction Jerissa (Le Kef), du projet “Mechey wa jey” ou “Aller-Retour”.

Cette nouvelle étape a été présentée mercredi soir à Tunis en présence des différentes parties artistiques partenaires et de certains bénéficiaires des régions déjà visitées.

Tout comme la précédence, la seconde étape de “Aller-Retour” sera pilotée par le programme Tfanen-Tunisie créative, projet d’appui au renforcement du secteur culturel financé par l’Union Européenne et le ministère des Affaires culturelles. Elle viendra couronner les pas franchis au cours des derniers mois dans trois zones défavorisées du pays, essayant de démocratiser l’action culturelle en tant que droit acquis pour tout citoyen tunisien.

Les grands spectacles habituellement présentés, uniquement dans la Capitale et autres grandes villes du pays, feront le déplacement vers cette localité du Nord-Ouest dans une initiative qui tend à combler le manque des moyens logistiques qui empêchent les habitants de bénéficier des créations artistiques.

Les organisateurs ont dans ce sens évoqué un challenge pour la présentation de spectacles dans ces régions. Ils ont dans ce contexte, présenté encore une fois les spectacles ayant marqué la saison 2018 tels que “Ré-Existence” de Nawel Skandrani, “Au suivant” de Habib Belhedi et Lassaad Ben Abdallah, “Les Veuves” de Wafa Taboubi et “Caprice” d’Achraf Ben Hadj Mbarek.

Ces spectacles multidisciplinaires (chorégraphie, danse, théâtre, vidéo, ..) réunissant un grand nombre d’artistes sont conçus pour être présentés dans de grandes salles. Les artistes, chorégraphes, danseurs, acteurs, producteurs et formateurs offriront tout leur savoir-faire pour les jeunes de la région.

Dans la maison de la culture, les professionnels et amateurs bénéficieront de masters class dans les arts du spectacle, comme le cirque, la danse, le théâtre et la musique ainsi que dans les formes de communication digitale.

Le producteur Habib Belhedi, coordinateur général du projet “Aller-Retour”, a parlé d’un rêve qui se concrétise et qui permettra de partager avec les populations ciblées dans les diverses régions du pays, la création artistique et l’offre culturelle en général dans le cadre de la décentralisation culturelle équitable dans toutes les régions.

De son avis l’infrastructure déjà existante depuis l’indépendance se trouve généralement dans un état déplorable. Pour cela, il a relevé que cette action constitue une occasion unique dès lors que le projet Tfanen mise sur des productions réalisées dans les régions, selon les standards techniques pratiqués dans la capitale tout en essayant de minimiser le cachet des artistes. La force de ce programme, a-t-il ajouté, permettra de créer ainsi une sorte de partage et une forte communion entre artistes et public.

La chorégraphe et formatrice, Nawel Skandrani, a tenu à signaler que le projet Tfanen a offert la possibilité de ” développer et de revérifier ce que nous connaissons et ce que nous avons commencé à essayer de modifier depuis très longtemps”.

Pour elle, se retrouver sur un terrain pas assez évident et vivre les problèmes de ces régions mais aussi se rendre compte de l’intérêt des gens pour les arts est ” un acte de rapprochement qui devrait permettre, avec tant de persévérance et détermination, d’aller de l’avant “.

Les parties impliquées dans ce projet ont fait part de leur détermination à continuer sur la même voie de partage et de rapprochement tout en espérant que d’autres artistes et professionnels du secteur culturel prendraient la relève dans le futur.