Le Réseau alternatif des jeunes tunisiens “RAJ Tunisie”, organisation non gouvernementale, estime que la participation de la Tunisie à la 24ème conférence des Nations unies sur les changements climatiques (CoP24, du 3 au 14 décembre 2018 à Katowice, en Pologne) “a été en deçà des attentes, dans une conjoncture marquée par un manque de visibilité et l’absence de sérieux de l’Etat et des dirigeants du pays au fil de temps dans leurs traitements de dossier des changements climatiques, celui-ci étant pourtant devenu le premier dossier brûlant au niveau des politiques dans le monde”.

Le Réseau, dont les représentants ont participé à cet ce rendez-vous de “Katowice”, assure que cette conférence était “mal organisée” , “souffrait du manque d’expérience et n’a pas respecté les tâches attribuées, en plus du problème de la langue (la langue utilisée lors de la conférence est l’anglais).

RAJ, créé en 2013 lors de l’organisation du Forum social mondial, a également remarqué l’absence totale de représentation du Fonds d’adaptation -ce dernier ne disposant pas des fonds nécessaires à sa participation-, ce qui illustre, selon le réseau, “le manque de sérieux de l’Etat tunisien dans le traitement de tels sujets”.

Toujours en évaluant la participation tunisienne, l’organisation a exprimé son inquiétude du fait que des organisations étrangères, des représentants d’une Université étrangère et le consultant étranger de l’équipe de négociations portaient des badges représentant l’Etat tunisien.

Absence du ministère du Tourisme à la COP24 ou perte d’une opportunité pour promouvoir la destination tunisienne 

L’association RAJ a également relevé l’absence de secteurs impactés directement par les changements climatiques, à l’instar de celui du tourisme, malgré ses participations à plusieurs rencontres et ateliers nationaux sur les changements climatiques, d’autant que le tourisme tunisien repose sur le balnéaire, et sachant que les plages sont menacées par la hausse du niveau de la mer et son avancée vers les établissements touristiques du littoral.

Cette absence du ministère du Tourisme a eu un impact négatif sur la représentation tunisienne dans les espaces ouverts aux pays et organisations mondiales prenant part à la Conférence laquelle a réuni près de 30 000 participants représentant plus de 200 pays. Cela aurait été l’occasion de faire connaître le tourisme tunisien, notamment écologique en tant qu’alternative au balnéaire.

La participation tunisienne aurait pu être meilleure

La participation tunisienne à la Conférence sur le climat manquait de coordination et de préparation, a fait remarquer l’experte en genre et chercheur universitaire Amel Mabrouk, qui a accompagné la délégation tunisienne ayant pris part à cet événement et qui était composée de 49 représentants d’institutions nationales et de la société civile ainsi que d’experts…

Elle estime que “la Tunisie doit se préparer sérieusement pour entreprendre les négociations en cours sur les changements climatiques, à travers la formation de techniciens connaissant parfaitement les événements et mouvements géostratégiques. Si le manque de techniciens existe bien, il y a donc lieu d’y palier grâce au développement des compétences et la formation afin que les participants comprennent l’importance des manifestations et des agendas tracés dans le cadre des négociations”.

Mabrouk ajoute que “le thème du climat doit être traité dans chaque administration tunisienne et constituer une matière à part entière dans les institutions éducatives afin de pouvoir partager notre expérience avec le reste du monde et d’en faire partie prenante s’agissant des financements climatiques”.

L’universitaire estime que “la Tunisie doit aujourd’hui être fière de plusieurs indicateurs en matière de législations, des droits de l’Homme et de la libre expression et le monde doit constater des réalisations en dépit d’autres indicateurs moins flatteurs pour ce qui est de l’interruption précoce des études et du secteur de la santé”.

Evoquant la relation femme-changements climatiques, elle a indiqué que “la Tunisie traverse une crise qui touche directement la femme, laquelle femme doit absolument se faire entendre dans le monde et les milieux de décisions car elle est directement confrontée aux changements climatiques dans le domaine agricole, à titre d’exemple”.

En Tunisie, la société civile est active et ses responsabilités sont immenses au moment où les gouvernements ne prennent pas au sérieux la question de l’environnement et nous devons savoir que le développement auquel nous aspirons dans tous les domaines est étroitement lié à la question des changements climatiques pour les bailleurs de fonds, souligne-t-elle.

L’ONGn “RAJ Tunisie” a organisé, le 27 décembre 2018, avec le concours du Fonds mondial de la nature (WWF – section tunisienne) une rencontre sur le thème “Evaluation de la participation officielle tunisienne au Sommet du climat “Cop 24”.