Alors que 61% des Tunisiens sont des clients d’une institution financière formelle (banque, poste, assurance hors celles obligatoires…), 9% seulement,sont des clients actifs, effectuant, au moins trois transactions mensuelles, via leurs comptes financiers. C’est ce que révèle l’enquête nationale sur l’inclusion financière en Tunisie, dont les résultats ont été annoncés lors d’une rencontre organisée mardi 18 décembre à Tunis.

Lancée début 2017, cette enquête vise à déterminer le niveau de l’inclusion financière des personnes et des micro-entrepreneurs sur tout le territoire tunisien, et ce à travers la compréhension des comportements de la demande financière et la caractérisation des segments utilisateurs et non-utilisateurs des services financiers.

Cette enquête est basée sur 22 indicateurs, portant sur trois principaux piliers, à savoir l’accès, l’usage et la qualité des services financiers, tout en prenant en considération les spécificités du contexte tunisien.

Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi, a indiqué, à cette occasion, que de nouveaux moyens seront mobilisés afin d’améliorer l’inclusion financière en Tunisie, pour inclure les personnes à faibles revenus et privées de crédits bancaires, dans le cycle économique.

C’est dans ce contexte que la BCT collabore étroitement avec le ministère des Finances, celui de l’Economie numérique et les opérateurs des télécommunications, dans le cadre de l’interopérabilité (la capacité que possède un produit ou un système à fonctionner avec d’autres systèmes sans restriction d’accès), afin de mettre à la disposition de tunisiens de nouveaux produits financiers.

L’objectif est de faire bénéficier les personnes à faibles revenus, de crédits et de moyens financiers afin qu’elles puissent lancer leurs projets, ainsi qu’à encourager les personnes exerçant dans le secteur informel, à intégrer l’activité économique légale et organisée.

Le ministre de Finances, Ridha Chalghoum, abonde dans le même sens, soulignant que les efforts seront axés sur le rapprochement des nouveaux produits financiers des utilisateurs, dans les différentes régions du pays et leur adaptation aux besoins des tunisiens. Parmi ces produits, il a cité les associations de micro-finance, l’assurance destinée aux petits métiers…

“Notre finalité est de faire en sorte que notre politique financière soit profitable pour l’ensemble des professionnels, et surtout des petits entrepreneurs, et ce, en ayant recours à de nouvelles prestations basées sur les technologies nouvelles, telles que le paiement via mobile…”, a-t-il souligné.

Il a rappelé que l’étude a révélé que 3% uniquement des Tunisiens utilisent un service financier via leurs téléphones mobiles, alors que ce genre de services est très développé dans d’autres pays ayant un niveau de développement moindre que la Tunisie.

De son côté, Faker Halleb, représentant de l’Observatoire de l’inclusion financière, a indiqué que les résultats de cette enquête serviront d’outil d’aide à la prise de décision, en matière de développement économique et de finance inclusive.

D’après lui, l’enquête a pu montrer que l’utilisation des services financiers par les Tunisiens demeure très timide, et ce, en raison de la faible culture financière, des coûts élevés des services financiers et du manque de confiance dans le système bancaire.

Toujours selon l’enquête, 2% des Tunisiens sont assurés hors assurance obligatoire, 16% ont eu un crédit formel et 17% ont épargné sur un compte rémunéré, durant l’année écoulée.

Pour ce qui est des micro-entreprises, 6% sont assurées et 25% d’entre elles sont des clientes actives, alors que 33% ont eu un crédit formel en 2018.