L’art comme moyen de rapprochement entre les rives Nord et Sud de la Méditerranée, l’art comme moteur économique et un outil d’éducation ainsi que les défis financiers rencontrés par les artistes de la rive sud. Ce sont les principaux sujets débattus, samedi dernier, lors de la rencontre avec différents artistes et créateurs du bassin méditerranéen, organisée par l’Union Européennes (UE) dans le cadre de la conférence “Re-penser le partenariat culturel euro-méditerranéen” qui se tient à la Cité de la Culture durant trois jours (16-18 novembre 2018).

Appelant à re-penser l’éducation à travers la culture, la fondatrice de “Blue Fish”, Leila Ben-Gacem a, dans son intervention, parlé des actions culturelles initiées au cœur de la médina de Tunis avec les jeunes du quartier à travers l’élaboration d’un journal en dialecte tunisien.

“L’expérience de l’écriture a permis à des jeunes sans rêves et avec comme seul ambition “la Harga” (migration clandestine), de se connecter à leur environnement”, a expliqué Ben Gacem en ajoutant que l’expérience de l’écriture a permis à ces jeunes de 15 à 19 ans d’exprimer leurs ambitions, leurs attentes et donc à recommencer à rêver autrement.

Evoquant l’expérience du centre culturel “B’chira Art Center”, la chercheuse Sarah Belkhamsa a mis l’accent sur le rôle de l’art comme moteur de changement économique au sein des sociétés en citant l’exemple les programmes culturels initiés par le centre avec l’appui financier européen à l’instar du programme Tfanen-Tunisie Créative.

Belkhamsa a tenu, lors de cette rencontre, à soulever le problème de la pérennité des projets pilotes soutenus par l’UE en appelant à une réflexion pour préserver les projets lancés et les faire développer à long terme.

De son côté, l’écrivain marocain Youssouf Amine Elalamy, a, dans son intervention, indiqué que la culture doit être un pont de communication et d’échange entre les sociétés. “La culture est un moyen pour aller vers l’autre, une passerelle entre l’Orient et l’Occident” a-t-il souligné. Il s’agit d’aller vers l’autre tout en respectant sa différence, a-t-il ajouté.

L’écrivain marocain a, dans ce contexte, évoqué les difficultés des écrivains maghrébins à s’imposer au delà du prisme stéréotypé des éditeurs occidentaux, invitant, à ce propos, les maisons d’édition européennes à être à l’écoute de l’autre dans sa complexité au delà de sa différence.

Directeur du festival “Visa for music”, l’artiste marocain Brahim El Mazned a donné un aperçu de ce festival musical qui a pour objectif de faire connaitre les artistes africains et maghrébins contemporains, mentionnant que le festival est aussi une occasion pour renforcer la collaboration sud-sud dans le secteur de l’industrie musicale.

L’artiste a, à cet égard, mis l’accent sur le rôle des festivals indépendants à faire découvrir à l’échelle européenne la musique actuelle alternative de l’Afrique au delà du folklore et de la musique formatée diffusée par les grands labels.

Se déroulant sur trois jours, la conférence “Re-penser le partenariat culturel euro-méditerranéen”, organisée par l’Union Européenne est une occasion pour les pays des deux rives du bassin méditerranéen d’échanger et de débattre les défis sociaux et économiques dans le but de renforcer les échanges à travers le prisme culturel.