Deux nouveaux produits agricoles seront bientôt labellisés “Indication Géographique” (IG), à savoir les dattes (Deglet nour) de Nefzaoua et les grenades de Gabès, a indiqué, jeudi 13 septembre, Lotfi Ben Mahmoud, directeur du département des arbres fruitiers et des cultures maraîchères, au ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, lors séminaire organisé sur le thème “Agriculture et ALECA”.

Il a précisé que la Tunisie compte 14 produits IG, dont 8 produits labellisés “Appellation d’Origine Contrôlée” et 5 produits labellisés “Indication de Provenance”.

A noter que le label IG est utilisé pour des produits qui ont une origine géographique précise et possèdent des qualités, une notoriété ou des caractères essentiellement dus à ce lieu d’origine, selon l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).

Garantes d’un savoir-faire régional et du respect des droits des consommateurs, les IG figurent parmi les priorités défendues par l’Union Européenne. D’ailleurs, l’un des chapitres des accords de libre échange complet et approfondi entre l’Union Européenne et la Tunisie (ALECA UE-Tunisie) prévoit une reconnaissance mutuelle des indications géographiques.

Ben Mahmoud a estimé qu’il existe au moins 220 produits tunisiens pouvant être labellisés IG, mais ils restent bloqués à cause de plusieurs difficultés, dont la traçabilité et le contrôle.

Il rappellera, dans ce cadre, que l’Union européenne a recommandé, lors du Round des négociations avec la Tunisie de mai 2018, de mettre en place un système de traçabilité efficient pour certains produits agricoles de terroir connus et d’appuyer la protection et le contrôle de ces produits.

“Il faut bien protéger notre produit à l’échelle nationale avant de le présenter et l’enregistrer à l’échelle internationale”, a-t-il souligné.

A ce propos, Chiheb Slama, vice-président de la Fédération de l’industrie agro-alimentaire à l’UTICA, a critiqué des défaillances au niveau de la législation en la matière, et le manque de coordination entre les différents acteurs et professionnels dans le domaine agricole et agroalimentaire.

“Nous avons du mal à valoriser nos produits basiques. Il faut encourager les professionnels à se regrouper et à travailler ensemble, pour pouvoir labelliser leurs produits de terroir, ce qui peut leur donner un potentiel énorme et une valorisation de leur production à l’échelle nationale et internationale”, a-t-il dit.

Partageant le même point de vue, Nuria Ackermann, coordinatrice du Projet d’accès aux marchés des produits agro-alimentaires et de terroir (dans le cadre du projet PAMPAT), a appelé les professionnels tunisiens à conjuguer leurs efforts pour créer, dans chaque région du pays, une identité commune des produits de terroir.

Elle a fait savoir, dans ce cadre, que les produits tunisiens sont demandés à l’échelle internationale, et certains d’entre eux font l’objet d’imitation. Comme exemple, elle cite la “Harissa”, produite en Chili, commercialisée par une entreprise allemande, et vendue en Italie comme étant un produit tunisien.

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La responsable a évoqué, l’expérience menée dans le cadre du projet PAMPAT, pour la valorisation de la figue de Djebba, une variété unique dans le monde entier.

“Ce projet a permis de créer des postes d’emploi dans la région, notamment parmi les femmes, à impulser le développement régional, à faire connaître et commercialiser ce produit sur une large échelle, notamment dans certain nombre de pays du Golfe, mais aussi, d’impulser le tourisme dans la région (visites, randonnées, actions de promotion auprès des agences de voyage…)”.

Elle a, toutefois, rappelé que le label est une responsabilité qu’il faut assumer, en préservant la notoriété de ces produits et l’image du pays.