Jeudi 5 juillet 2018, les syndicats publics des télécommunications et des services postiers tiendront un sit-in devant le Théâtre national.

Les raisons de ce mouvement protestataire ? C’est l’ignorance des plus hautes autorités de l’Etat de la prise en compte leurs revendications de mettre le CNI (Centre national de l’informatique) sous tutelle du Premier ministère et la gestion catastrophique, d’après eux, des affaires du ministère des Technologies de la communication et de l’Economie numérique (MTCEN).

Nous nous étonnons également du refus du Premier ministère de reprendre sous son aile le CNI qui était auparavant placé sous sa tutelle. Car, comment est-ce possible que toutes les données informatiques des ministères, lesquelles, en principe se valent les unes les autres relèvent de la responsabilité d’un seul ministère, en l’occurrence celui du MTCEN ?

Et Dieu sait si ceux qui ont présidé à sa destinée n’en ont pas usé à des fins partisanes ou non. Les syndicats, pour leur part, le pensent et l’assurent.

Dans un communiqué publié tout récemment, les syndicats dénoncent les nominations absurdes effectuées par le ministre Anouar Maarouf et qui se justifieraient, ni plus ni moins, par leur allégeance.

Ils affirment que 20 conseillers ont été nommés au cabinet du ministre ainsi qu’aux centres de décisions de tous les établissements du ministère. «Nous pensons que la marginalisation de certains organismes dépendant du ministère vise à pousser à leur gel pour les privatiser entièrement ou partiellement».

L’adoption par le Conseil des ministres d’un projet de loi portant création d’une agence tunisienne du développement numérique soumis par le ministre représente, pour les syndicats, un grand risque sur la sécurité nationale et même la souveraineté du pays.

Les syndicats rappellent que l’ARP a rejeté auparavant une loi similaire considérant que l’Agence tunisienne de développement numérique pourrait représenter un établissement parallèle à celui du CNI, détournant ainsi une grande partie de ses attributions, ce qui menace la confidentialité des données personnelles consignées dans le Centre des commis de l’Etat, et des informations sensibles pour la sûreté des informations en rapport avec tous les organismes de l’Etat.

Les syndicats déplorent également que, alors que le pays traverse une crise financière sans précédent, on ose s’engager dans pareil projet exigeant des moyens matériels énormes et ce d’autant plus que les établissements existants (CNI, Centre informatique du ministère de la Santé, Agence nationale de la sécurité informatique, Centre national des technologies de l’éducation, Centre informatique du ministère des Finances et d’autres) satisfont aux besoins du pays.

La création de toutes pièces de postes parallèles au sein des ministères et des établissements publics est devenue monnaie courante dans notre pays depuis 2011 et la prise du pouvoir par la Troïka. Mais aujourd’hui, elle est passée à un autre niveau : la création d’organismes parallèles après celle des fonctions parallèles gelant des milliers de compétences.

Ce qui explique, entre autres, les demandes de retraite anticipée qui n’ont jamais atteint un nombre aussi élevé. «Nous sommes face à une hémorragie de compétences alarmante. Nous recevons quotidiennement un nombre effarant de demandes en retraite anticipée. Les raisons seraient que ces personnes ne peuvent plus supporter la décadence de l’Administration tunisienne», témoigne une employée de la sécurité sociale.

Les allégeances partisanes, le règne de la médiocratie et l’occupation du terrain par les opportunistes mangeant à tous les râteliers et se vendant à qui veut sont en train de mener le pays à sa perte.

A quand le grand réveil ?

Amel Belhadj Ali