Une crise sans précédent secoue le secteur du médicament en Tunisie, en ce sens que certains médicaments, classés vitaux et essentiels, sont en rupture de stock. La Pharmacie centrale de Tunisie, qui a le monopole de l’importation des médicaments, est mise à mal par ses créanciers qui ne veulent plus honorer ses commandes à cause des défauts et des retards de paiement et par ses débiteurs principaux (les hôpitaux et la CNAM) qui lui sont redevables de 440 millions de dinars chacun, lit-on dans un communiqué du Forum de Réalités.

Les médicaments manquants sont essentiellement des médicaments importés dont les génériques ne sont pas fabriqués en Tunisie, poursuit le communiqué.

D’un autre côté, il y a l’industrie pharmaceutique tunisienne, haute valeur et qui couvre actuellement plus de 50% de la consommation locale en médicaments, avec un chiffre d’affaires de 700 millions de dinars. Elle emploie 6.000 personnes dont 50% de cadres diplômés du supérieur. Ses exportations sont estimées à 60 millions de dinars vers 20 pays africains, explique le Forum.

Seulement voilà, cette industrie pharmaceutique se trouve aujourd’hui menacée de déchéance lente mais irréversible, étouffée qu’elle est par une réglementation qui lui serre les vis chaque jour un peu plus jusqu’à l’étranglement.

Le Forum de Réalités relève que l’industrie locale fait face à plusieurs défis : dépréciation du dinar, freins à l’exportation, lenteur pour l’obtention des autorisations de mise sur le marché des médicaments (AMM), nouvelles conditions imposées aux médicaments dans le cadre des négociations des accords de libre-échange (ALECA), etc.

«Devant ce constat alarmant et face à la crise du médicament qui touche le citoyen dans ce qu’il a de plus précieux (sa santé), nous n’avons ni le choix ni le temps d’être passifs. Il faut mettre sur la place publique ce débat et faire participer les différents acteurs du secteur (administration, Pharmacie centrale de Tunisie, industriels locaux, multinationales, professionnels de santé, consommateurs, médias, responsables politiques, etc.)», explique le communiqué.

Et c’est pour toutes ces raisons et bien d’autres que le Forum international médical de Réalités a pris l’initiative d’organiser un colloque sur thème : “L’industrie pharmaceutique tunisienne face à ses défis”, et ce les 28 et 29 juin à Hammamet sous le patronage du chef du gouvernement, Youssef Chahed.

Le colloque se donne pour objectif principal d’étudier les vraies raisons de la crise du secteur du médicament en Tunisie, et surtout de proposer des solutions pour sortir de cette situation afin de garantir au citoyen tunisien l’accès à un médicament de qualité.

Le communiqué du Forum rappelle que Réalités, de par son engagement à assurer une meilleure santé à tous les Tunisiens, est une histoire riche de 20 ans d’expérience jalonnée de forums médicaux, de séminaires et autres rencontres, nationales et internationales.

En effet, «depuis plus de 20 ans, nous considérons, à Réalités, qu’au-delà de notre rôle classique d’information, nous devons être des agitateurs d’idées, en tant qu’acteurs de la société civile, et nous voulons surtout amener notre action à une meilleure réflexion sur les grands défis auxquels notre pays est confronté, dont la santé».

«Cet intérêt pour la santé nous a conduits à créer une manifestation scientifique médicale internationale et crédible, annuelle, dont l’objectif principal est de susciter le débat autour des questions inhérentes à la politique de la santé en Tunisie mais aussi en Afrique».

C’est ainsi qu’est né le «Forum international médical de Réalités».

Des thèmes comme «l’industrie pharmaceutique tunisienne et l’exportation: l’exemple de l’Afrique», les «défis et perspectives de la couverture sanitaire au Maghreb», «l’utilisation rationnelle des antibiotiques», «les génériques» et beaucoup d’autres ont été abordés et ont trouvé échos non seulement auprès des professionnels de santé mais également auprès du grand public et des décideurs.