Dans un entretien accordé au site liberation.fr, Edwin Le Héron, professeur à Sciences-Po Bordeaux (qui a enseigné pendant plusieurs années à l’université de Sfax), explique les contours du modèle de développement de l’économie tunisienne mal en point.

Trois idées-phares ont retenu notre attention. D’après lui, la Tunisie «a gardé, malgré la révolution, le même modèle de développement, aussi figé qu’inefficace» qu’avant la révolution.

Il indique également que «l’instabilité régionale a eu un impact catastrophique sur la l’économie tunisienne», notamment avec la déstabilisation de la Libye… Et pour ne rien arranger, «… Les attentats du Bardo puis de Sousse, fomentés depuis la Libye, ont eu un effet dévastateur».

Décrivant le modèle de l’économie tunisienne, l’économiste français estime que «c’est une économie de rente, il n’y a pas de classe d’entrepreneurs innovants en Tunisie. Les businessmen ont bien plus intérêt à négocier l’importation de voitures qu’à essayer d’imaginer la production de ces voitures… Or cette logique d’importation va souvent de pair avec une logique de corruption»…

Ensuite, interrogé sur les “le secteur informel“ en Tunisie, Edwin Le Héron, tout en estimant que «… La révolution ne l’a pas réduit…», affirme que «Une bonne partie de la population est très diplômée. Or l’économie tunisienne ne produit que des petits boulots précaires dans l’agriculture, les call-centers, etc. Ce qui provoque une frustration énorme pour tous ces jeunes qui ont fait des études».

Edwin Le Héron conclut en ces termes : «A sa décharge, la Tunisie n’a pas beaucoup d’options. Elle est écrasée entre deux sphères économiques : elle ne peut pas concurrencer la France, ou l’Europe, sur toute une gamme de biens ou de services, ni rivaliser avec la Chine, qui inonde les marchés mondiaux à des coûts imbattables…».

Lire l’interview complète ici