Kairouan : Par sa passion, elle parvient à autonomiser plus de 160 femmes rurales grâce aux produits du terroir

Elle est agricultrice, passionnée par son travail et s’est fixée pour but d’autonomiser les femmes en milieu rural et de porter haut leur voix.

Najoua Dhiflaoui, la cinquantaine, est aujourd’hui présidente de la société mutuelle des services agricoles (SMSA) qu’elle a choisi de dénommer “TAHADI” ou défi dans sa signification en langue française.

Dans la localité de Menzel Mhiri, Najoua, appuyée et encouragée par le Commissariat régional au développement agricole (CRDA) de Kairouan, a opté pour la production et la vente de produits du terroir, dont toutes les femmes de sa région en préservent le savoir-faire ancestral.

L’agricultrice a, ainsi, regroupé 164 femmes rurales de la délégation de Menzel Mhiri avec une mission : travailler ensemble pour transformer ce savoir-faire en un métier rémunérateur.

De cette volonté est né un modèle d’affaires, donnant lieu à la fondation de la SMSA. Il s’agit d’une société mutuelle visant à faire bénéficier les collaboratrices de l’économie d’échelle et à leur faciliter l’accès au marché en valorisant les produits préparés par la femme rurale et en les adaptant aux besoins du marché.

L’autre avantage de cette mutuelle est d’autonomiser une catégorie de femmes aux situations vulnérables et promouvoir un certain leadership des femmes rurales et aussi encourager les initiatives d’économie solidaire.

La SMSA est entrée en production en 2015 avec son produit phare qui n’est autre que la harissa traditionnelle à l’huile d’olive, préparée à partir de piments séchés au soleil.

Aujourd’hui, les produits de “Tahadi” se commercialisent dans plusieurs régions de la Tunisie, notamment balnéaires, et s’exportent vers la Suisse.

Mieux, des négociations sont en cours pour vendre les produits de Najoua et ses collaboratrices sur le marché français sous la marque commerciale “Errim, en référence à une race de gazelle, symbole de beauté féminine et d’authenticité en Tunisie.

Najoua Dhiflaoui a également eu de la chance d’être appuyée, dès le départ, par le projet d’Accès aux marchés des produits agroalimentaires et de terroir (PAMPAT), un projet mis en œuvre par l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), en collaboration avec le Ministère de l’Industrie et du Commerce et celui de l’Agriculture avec un financement du Secrétariat d’Etat à l’Economie de la Confédération Suisse (SECO).

L’objectif du projet est d’aider les femmes rurales à vendre leurs produits dans les foires nationales et quelques épiceries fines en plus de l’élargissement du portefeuille de clients.

Un pari gagné et une persévérance récompensée

La marque “ERRIM” a gagné le pari. Non seulement, l’harissa mais d’autres produits du terroir fabriqués sous cette marque, tels que les épices et une pâte d’ail sont bien écoulés dans les supérettes de plusieurs villes de la Tunisie, s’achètent dans des magasins de souvenirs des zones touristiques et utilisés par des restaurants haut de gamme pour la préparation de leurs mets.

“Nos produits sont faits d’une façon artisanale, ce qui nécessite de la main d’œuvre et contribue ainsi à créer des opportunités d’emploi pour les femmes”, a expliqué l’agricultrice, estimant que le secret de sa réussite et celle de toutes les femmes de la société revient à leur détermination à respecter “toutes les règles d’hygiène et de qualité exigées et à tester, pour cela, leurs produits, dans des laboratoires agrées”.

En 2017, le savoir-faire de la SMSA a été récompensé et reconnu, lors du concours tunisien des Produits du terroir, en remportant la médaille d’or pour la harissa traditionnelle.

“La petite ville de Menzel Mhiri est désormais devenue grâce à la SMSA TAHADI, une référence et un modèle tunisien de réussite et suscite désormais l’intérêt des délégations et journalistes étrangers”, a lancé, fièrement, l’agricultrice.

Elle a indiqué, qu’elle travaille aujourd’hui avec les 164 autres femmes rurales à diversifier leur offre et à engager une démarche de certification biologique pour leur harissa ERRIM.

“Ca va nous assurer un meilleur positionnement sur le marché”, conclut, confiante, Najoua Dhiflaoui.