Ahmed El Karm, président de l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF), estime que “la finance islamique peut jouer un rôle important dans l’intégration et l’inclusion financière si elle veille, au-delà de la conformité aux principes de la Chariaa, à améliorer la compétitivité de ses produits en termes de coût”.

S’exprimant lundi 2 avril en marge de sa participation à un atelier sur le “Rôle de la finance islamique dans la promotion des MPME et de la finance inclusive”, organisé à Gammarth dans le cadre des Réunions annuelles de la BID (1er-5 avril 2018), M. El Karm a ajouté que “ce type de finance peut aujourd’hui toucher à une population qui ne traite généralement pas avec la finance classique, en raison d’une incapacité de cette finance à concevoir le produit qui correspond à ses besoins, ou pour des raisons idéologiques. Reste que les coûts rattachés aujourd’hui, à la finance islamique peuvent ne pas susciter une grande adhésion de cette population”.

“L’innovation en matière de finance islamique doit donc se traduire par une réduction des charges et des coûts et ce n’est qu’ainsi qu’elle aura la possibilité de favoriser l’intégration de cette frange de la population que la finance classique n’a pas pu absorber”, a-t-il souligné.

Pour le président de l’APTBEF, “l’autre terrain sur lequel la finance islamique peut également se développer, c’est la micro-finance parce qu’il s’agit d’englober une population qui n’a pas accès à la finance classique et qui est fortement ouverte à tout produit financier qui pourrait l’intégrer dans le circuit économique”.

De son côté, le président directeur général de Zitouna Tamkeen, Nabil Ghallab, soulignera que “la finance islamique est un outil puissant et fortement demandé par la population, et peut être un véritable vecteur de développement, d’intégration et d’inclusion financière. Théoriquement, l’esprit de la finance islamique repose sur la prise de participation dans les projets et donc sur le partage des gains mais aussi des pertes”. Mais, estime-t-il, la pratique de la finance islamique en Tunisie est un peu éloignée de cet esprit là, parce que le cadre réglementaire n’est pas très favorable au fonctionnement des banques islamiques (prise de participation dans les projets). Et c’est sur ce cadre réglementaire qu’il faudrait agir si on veut permettre à la finance islamique de jouer pleinement son rôle dans le renforcement de la finance inclusive”.