Les journalistes ont reçu, lors de leur “Journée de colère” (vendredi 2 février 2018) le soutien de plusieurs partis politiques pour dénoncer les “agressions et les restrictions à la presse ainsi que la campagne menée à leur encontre par les appareils officiels et les dénigrements et menaces proférées à leur égard sur les réseaux sociaux par des sécuritaires”.

C’est le cas du Parti des nationaux démocrates unifié (Wated) qui s’est dit solidaire avec leur “mouvement de lutte pour la défense de leurs droits”, condamnant les “agressions physiques et verbales qui ont visé nombre d’entre eux” et qualifiant les écoutes téléphoniques qui les ciblent d’”atteinte flagrante à leurs droits énoncés par la Constitution”.

“Nous appelons le pouvoir exécutif à cesser de tenter de phagocyter la presse, de renoncer au projet de réinstaller l’Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE) de sinistre mémoire et de retirer le projet de loi sur l’audio-visuel qui remet en question le minimum d’acquis apporté par le décret 116”, souligne le parti de gauche.

Pour sa part, le parti Mouvement Tunisie Volonté (Harak) a affirmé que “le retour du ministère de l’Intérieur à la politique de restriction et du contrôle du métier des journalistes et des écoutes téléphoniques, de l’aveu du ministre de l’Intérieur lui-même, sont en contradiction flagrante avec les dispositions de la Constitution qui garantit la liberté de correspondance, de communications et des données personnelles, et constituent un revers réel du processus de transition vers une sécurité républicaine lancé après la révolution”.

Ettakatol fustige, lui aussi, “les pratiques intolérables à l’égard des journalistes”, rejetant “la violation de la liberté de la presse” et dénonçant “la régression continue et systématique des acquis de la révolution, en premier lieu la liberté de la presse”.

De son côté, le parti du Courant démocratique demande au ministère public de déférer devant la justice toute personne coupable d’agression d’un journaliste lors de l’exercice de son métier. Il condamne “la menace proférée par le ministre de l’Intérieur contre les blogueurs qui critiquent les agents de sécurité”, et appelle “à s’abstenir de diffuser des informations fausses et de les vérifier auparavant”.

Ceci dit, le parti invite également la Haute autorité indépendante de l’audiovisuel “à sortir de sa passivité et à imposer aux organes de presse audiovisuelle de respecter le cahier des charges, au niveau du contenu des programmes et de la transparence du financement”.

Le Parti républicain estimé, pour sa part, que “le comportement du pouvoir est une tentative désespérée de couvrir son incapacité à traiter et atténuer la crise globale qui secoue le pays”. Il rend responsable le gouvernement de “la détérioration du climat des libertés” et demande au ministère de l’Intérieur de “présenter des excuses pour les abus dont ont été victimes les journalistes et de poursuivre tous ceux qui mènent la campagne de menaces contre eux”.

Le Parti Tunisien estime que “le ministère de l’Intérieur a manqué à ses devoirs, ses abus ayant touché un grand nombre de citoyens”, rappelant que ceux-ci “ont le droit de formuler des critiques alors que le ministre doit répondre aux reproches et œuvrer à assainir son département des éléments qui ternissent son image”.

Machrou Tounes réaffirme son soutien aux journalistes “dans l’exercice de leur métier sans pression ni ingérence de quiconque”, appelant à “sévir contre les abus conformément à la loi” et rejetant “toutes les pratiques qui risquent d’envenimer la relation entre journalistes et hommes de sécurité, dans une confrontation futile”.

L’Association des magistrats tunisiens à “fustigé toutes les formes d’agression envers les journalistes dans l’exercice de leur fonction” qualifiées d'”atteinte au droit du citoyen tunisien à une presse libre et à un accès à l’information garanti par la constitution”. Elle rejetle “toutes les formes d’écoutes hors du cadre légal et sans autorisation judiciaire”. “Ce procédé est une violation des droits fondamentaux stipulés par la constitution”. Elle appelant l’autorité judiciaire à assumer son rôle constitutionnel de protection des droits et des libertés contre toute violation, dont notamment le droit à la liberté de la presse et d’expression, conformément à l’article 49 de la Constitution.