Dans un récent entretien, le président de l’UTICA, aborde la délicate question de l’investissement en Tunisie. Quand on lui demande “qu’est-ce qui peut encore être fait?“, sa réponse se veut une réponse-question limpide : «A mon avis, il faut peut-être dire qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour décourager l’investissement?».

les investisseurs étrangers se fient, en premier lieu, aux avis de leurs pairs déjà installés en Tunisie

Majoul souligne que «quand nous parlons de l’investissement, c’est d’abord d’investissement étranger, et les investisseurs étrangers se fient, en premier lieu, aux avis de leurs pairs déjà installés en Tunisie (leurs problèmes, sont-ils contents de leur installation dans le pays), ensuite, ils font un benchmarking pour comparer entre les différents sites de production». On aimerait que la Tunisie soit la priorité des investisseurs étrangers, assure-t-il.

Le président du patronat ajoute que les investisseurs étrangers analysent et scrutent les indicateurs, et posent la question de savoir si la paix sociale est garantie dans le pays, si le patronat et le syndicat ouvrier sont proches… «En fait, c’est ce que nous avons fait dans certaines régions. Parfois ça ne marche pas, parce qu’il y a des facteurs exogènes».

«L’UTICA et l’UGTT lancent le projet de “Grève générale contre les grèves”»

Dans ce contexte, il avoue que les entreprises rencontrent de moins en moins de conflits sociaux. «… A cet égard, révèle-t-il, l’UTICA et l’UGTT lancent le projet de “Grève générale contre les grèves”, slogan à travers lequel les deux organisations vont intervenir chaque fois qu’il y a un conflit qui peut dériver… Nous ne pouvons plus permettre de grèves car ce pays a besoin de produire, encore et encore, d’exporter, de créer des richesses et de distribuer des revenus».

Par ailleurs, Majoul souligne que l’UTICA ne parle pas que secteur privé. «C’est une philosophie globale, nous savons ce que le pays a perdu en raison de la situation dans le secteur des phosphates à Gafsa et dans les sociétés pétrolières. Si les pertes subies en termes de production et d’exportations étaient rentrées dans les caisses de l’Etat, notre endettement n’aurait pas atteint ce seuil et nos réserves en devises ne se seraient pas établies à -90 jours et… peut-être que notre dinar n’aurait pas glissé de 25%», estime-t-il.

Sur un autre volet, le président du patronat explique que «la Tunisie est un petit pays, et pour sauver l’économie nationale, nous avons besoin de la solidarité internationale car le pays peut être une ceinture de sécurité pour le monde, la Méditerranée et l’Europe, qui a mis un argent fou pour sauver la Grèce». Et de demander «… quelle a été sa contribution pour la Tunisie, alors qu’elle se plaint de l’afflux des immigrants?».

Sur cette question notamment, Samir Majoul indique que «… nous attendons de nos partenaires européens un soutien plus conséquent en termes d’investissements et de financements, compte tenu du rôle qu’a joué la Tunisie et de l’exemple qu’elle a donné. Nous ne voulons pas de la charité et nous sommes même demandeurs de financements conditionnés, pas pour payer les salaires mais pour investir dans des zones industrielles, un port en eaux profondes…».