Plus de 75% des personnes interviewées sur un échantillon total de 78 profils de migrants ayant quitté leurs pays d’origine dans le cadre d’une opération de migration non réglementaire avaient des emplois précaires dans leurs pays et avaient des difficultés à trouver un emploi digne et stable.

Présentant un rapport réalisé par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) et intitulé ” Fuir l’enfer en Libye ou affronter les abysses pour sa dignité “, Reem Bouarrouj, chargée de la migration au FTDES et l’une des auteurs du rapport a indiqué que sur les 74 personnes qui ont quitté leurs pays d’origine et qui ont été accueillis à bord du bateau de recherche et de sauvetage en Méditerranée, l’Aquarius entre mars et juin 2017, 78% avaient fui leur pays pour des raisons économiques alors que 22% sont partis pour fuir la guerre ou des menaces de mort.

Selon l’intervenante, la moyenne d’âge des interviewées est de 25.5 ans (entre 15 ans et 55 ans). 86% sont des personnes célibataires. D’après l’UNHCR, les trois premiers pays d’origine des arrivées en Italie via la Méditerranée sont le Nigeria, la Guinée et le Bangladesh. La destination envisagée au départ du pays d’origine est pour 83.8% des personnes la Libye.

” En effet, malgré ce qui s’y passe, ce pays garde encore sa réputation de pays pourvoyeur d’emplois avec de très bons salaires “, a souligné Reem Bouarrouj. ” Toutefois, le pourcentage de ceux qui quittent la Libye vers l’Europe pour des discriminations ou atteintes aux droits est de 73.1% “, a-t-elle ajouté.

L’intervenante explique que dans plusieurs cas, partir en Libye n’est plus un choix mais une condition de survie.

” Entre les différents kidnappings durant lesquelles ces personnes doivent payer de l’argent ou appeler leurs familles pour envoyer de l’argent, les vols, les travaux non payés…il est difficile pour eux de gagner rapidement de l’argent afin de payer le passage par la mer vers l’Italie “, a-t-elle dit.

D’après le rapport, le prix d’une traversée en mer vers l’Europe varie entre 100 et 2500 euros soit une moyenne de 919.5 euros (environ 2716 dinars).

Le rapport contient trois parties : une partie relative au déroulement d’une opération de sauvetage en mer, une partie contenant dix des 78 témoignages recueillis et une dernière partie analysant ces différents profils.

A noter qu’en 2017, selon l’UNHCR, 113 722 migrants sont arrivés en Italie en quête d’une vie digne.

L’Aquarius a entamé sa mission de sauvetage en février 2016. Il patrouille dans les eaux internationales entre 12 et 25 miles (entre 19 à 40kms) des côtes libyennes à la recherche des bateaux de fortune dont les passagers sont en quête d’un avenir meilleur.

Actuellement le bateau est affrété par deux ONG Médecins sans frontières et SOS méditerranée.