C’est avec résolution que Youssef Chahed rappelle qu’il est le chef du Gouvernement d’Union nationale. Et cela est une parade, dans sa démarche politique, contre tout éventuel revirement de ses partenaires dans l’attelage gouvernemental actuel. Il s’exprimait à l’ouverture de la 32ème édition des Journées l’entreprise (JE) qui portent cette année sur le thème de la décentralisation.

Momentanément, la décentralisation aura le visage de l’émancipation des municipalités. Voilà la réponse précise qu’il apportera à l’invite lancée, quelques minutes plus tôt, par Ahmed Bouzguenda, président de l’IACE, lequel, dans son speech inaugural, poussait le chef du gouvernement à prendre position sur le sujet.

Le finish démocratique : L’émancipation des municipalités

Le chef du gouvernement dira que la décentralisation est inévitable. Elle est inscrite dans l’esprit et la lettre de la Constitution. Par conséquent, elle figure en tête des priorités du gouvernement. Et par conséquent, le chef du gouvernement déclinera le programme du gouvernement pour autonomiser les collectivités locales.

Le projet prend forme, et le premier pas a été franchi avec le Code des collectivités locales actuellement en débat à l’ARP.

Avec beaucoup de détermination, Youssef Chahed laissait entendre que sitôt le code adopté, il passera à l’épisode suivant. Donc, les élections municipales auront bien lieu, et tacitement on peut déduire que ce sera le critère d’évaluation du bilan de son gouvernement.

Lui aussi sait agir vite comme le lui a demandé Hédi Sellami, et il déroulera tout le programme que le GUN a concocté.

Donner les moyens de leurs ambitions aux municipalités

Ce sont 86 nouvelles municipalités qui verront le jour à l’initiative du GUN. Et, les 187 autres connaîtront une extension territoriale. Comme preuve d’efficacité, Youssef Chahed dira qu’il faut restaurer la capacité des municipalités à investir. C’est essentiel pour l’amélioration de l’infrastructure dans les régions.

Le gouvernement s’engage à éponger les dettes de 64 municipalités en difficulté, pour une enveloppe voisine de 100 millions de dinars tunisiens. Les dotations budgétaires pour 2018 passeront de 390 millions de dinars tunisiens -ce qui était leur niveau en 2017- à 430 millions de dinars tunisiens -ce qui représente 10%.

Même si ce n’est pas considérable, cet effort budgétaire en temps de disettes de nos finances publiques n’en est pas moins un signal fort à l’adresse des régions.

Parviendra-t-il à assouvir la colère des déshérités et l’appétit d’emploi des jeunes ? C’est du moins un signal fort et il sera efficace s’il amorce une inflexion. De toutes les façons, c’est assez honorable pour permettre au chef du gouvernement de faire face à l’opinion publique.

Par ailleurs, Youssef Chahed rappelle que le projet de décentralisation via l’émancipation des municipalités ne manque pas de consistance. La preuve ? C’est l’adhésion de la BM (pour Banque mondiale) au plan national 2016-2020 qui comporte une enveloppe de transferts financiers de 1,220 milliard de dinars aux municipalités.

Outre cela, le programme Moussanada, destiné à renflouer les finances des collectivités locales et initié par l’Union européenne, est actuellement opérationnel.

Il a été rejoint par d’importants donateurs comme la Suisse et le Royaume-Uni. Une fois toutes ces composantes activées, il y a des chances que la nouvelle physionomie de l’économie des régions puisse prendre forme. Est-ce là l’atout électoral des ambitions politiques –inavouées- de Youssef Chahed ? Mystère!