tunisie-directinfo-dessin-caricature-chedly-belkhamasa-hakim-ben-hammouda-nous-devons-faire-de-l-investissement-le-coeur-de-notre-dynamique-de-croissanceCertaines voix réclament que fonction et entreprises publiques continuent à recruter. Alors qu’ils sont déjà hypertrophiés et surdimensionnés par rapport aux besoins du pays. Comme le démontre une rapide comparaison avec le Maroc.

Malgré le rôle croissant joué par le privé dans l’économie nationale et sa part –plus de 60%- dans l’investissement et le produit intérieur brut, le secteur public continue à être prédominant dans… les esprits. Certaines catégories –les chômeurs-diplômés guère demandés par le marché-, des partis politiques –dont en particulier le Front populaire- et organisations –l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), notamment.

Tout ce beau monde intensifie ses pressions pour que la fonction publique et les entreprises publiques continuent à recruter et n’est de ce fait nullement disposé à entendre parler de mise à la retraite anticipée et encore moins de licenciement de fonctionnaires et d’employés d’entreprises publiques.

Pourtant, tôt ou tard, de telles mesures, si douloureuses et amères soient-elles, finiront par s’imposer. Parce qu’avec 13,2 milliards de dinars en 2016, soit 14% du Produit intérieur brut et 46% du Budget de l’Etat, la masse salariale du secteur public atteint des proportions dangereuses. Car ce secteur est pléthorique et surdimensionné par rapport à la population, donc aux besoins du pays. C’est en tout cas ce que démontre un rapide benchmarking par exemple avec le Maroc, le concurrent le «plus intime» de la Tunisie.

Maroc vs Tunisie : 600.000 vs contre 650.000 fonctionnaires

Que ce soit pour la fonction publique ou les entreprises étatiques, notre lointain grand voisin de l’Ouest porte un fardeau beaucoup moins lourd que la petite Tunisie. Avec ses trente-trois millions d’habitants, le Maroc compte en effet moins de 600.000 fonctionnaires, contre 650.000 pour la Tunisie qui a une population trois fois moins importante.

Idem pour les entreprises publiques, moins atteintes d’«embonpoint» au Maroc. C’est le cas notamment de Barid Al Maghrib (La Poste du Maroc) et de la Royal Air Maroc (RAM). La première compte un effectif d’un peu plus de 8.000 employés –contre près de 10.000 pour la Poste tunisienne. La RAM, qui souffrait jadis comme Tunisair de sureffectif, a ramené le nombre de ses employés de 5.300 en 2010 à 2.900 en 2016. Là où son concurrent tunisien croule sous une masse de 8.500 employés. Soit un ratio de 58 employés par avion pour la première, contre 230 pour la seconde.

La déclaration malencontreuse de Chahed à l’ARP

C’est pour toutes ces raisons que le nouveau chef du gouvernement a fort probablement commis une grosse erreur dans son discours à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), le 26 août 2016. Ce jour-là, Youssef Chahed avait déclaré, dans un premier temps, que si rien n’était fait pour redresser rapidement l’économie et notamment les comptes publics, le pays ne pourra pas éviter le recours à des mesures d’austérité et au dégraissage de la fonction publique. Avant de se rétracter, après une levée de boucliers de députés de l’opposition, et déclarer que «ce gouvernement ne sera pas celui de l’austérité et du dégraissage…». Et de se priver ainsi de la possibilité de procéder à l’avenir au dégraissage –inévitable- du secteur public.

Moncef Mahroug